La Yohei et l'arme (mission)

Katsuhiro Somnolait. Cela faisait des mois qu'il ne s'était rien passé chez lui, la Yohei n'avait relativement rien à faire, ils erraient donc sans but, avec la simple mission de ne rien faire ni contre les Shinigamis ni contre les Arrancars. De rien faire du tout en fait. Les jours se succédaient, tous plus ennuyeux les uns que les autres et surtout ensoleillés, ce qui n'était pas pour plaire à son Katana, Ryuu Kokkai, plus accoutumé à l'humidité. Étant un Zampakuto Aqueux, il ne supportait pas de rester aussi longtemps à se « dorer la pilule », ça lui faisait perdre ses pouvoirs par évaporation.

« Phew! Il fait trop chaud et sec aujourd'hui, je fonds Katsuhiro! Se plaignit le Katana.
-Qu'est-ce que je suis sensé pouvoir y faire? Moi aussi j'ai chaud et je m'en plains pas!
-Ouais mais toi, tu risque pas de t'évaporer. Moi mon pouvoir est l'eau et sans moi, tu n'est que la moitié de toi même, je suis ton pouvoir. Souvient t'en toujours.
-Pff, toujours à râler pas vrai? J'ai compris, direction le lac des âmes pour y faire trempette. »

Cette proposition surprit pleinement Ryuu Kokkai mais n'en fit pas remarque. En effet, se baigner dans le lac des âmes était normalement prohibé pour d'autres raisons que celles d'hygiène et de sécurité mais de toute façon, la Yohei n'avait que faire des stupides règlements Shinigamis. Si bien qu'il matérialisa son Zampakuto avec l'aide d'un pantin de transfert pour aller se baigner avec lui. Enfin, plutôt « elle » en l'occurrence, Ryuu Kokkai étant en fait une jeune femme blonde, douce et élégante, enveloppé d'une longue robe blanche, ne faisant qu'accentuer sa pâleur naturelle. De grands yeux bleus, elle savait se montrer plus agréable que mille massages comme être plus mortifiante que mille défigurations. Mais avec son maître, elle montrait toujours une douceur innée.

Il entrèrent dans le lac très frais, l'un en caleçon et l'autre en maillot prêté par Katsuhiro (elle s'était isolée pour le mettre. Pour elle, se baigner nue avec son maître ne la dérangeait pas mais Katsuhiro était un jeune homme très prude, ce qu'elle respectait évidemment). D'un délice indicible, ils en avaient besoin, l'un comme l'autre. Autour d'eux, la plaine s'étendait avec çà et là des Habitations du Rukongai. Le soleil était à son Zénith, annonçant qu'il était midi et lançant des reflets scintillants sur la surface de l'eau. Sous leurs pieds, les galets glissaient, étendus mais pas pointus, cela ne faisait qu'accentuer le confort.

Mais tout moment de détente ayant une fin, un messager de la Yohei lui annonça qu'il avait reçu un ordre de mission du chef. Pour celle ci, il était accompagné de son collègue au Katana aqueux. La mission était simple: récupérer une arme ancienne et cachée au Rukongai. C'en était à s'arracher les cheveux, le Rukongai étant immense.

Mais pas le temps pour les infinis tergiversions puisqu'il s'agissait d'un ordre du Boss. Empoignant son Katana, il dématérialisa Ryuu Kokkai, se rhabilla et partit en direction du QG où, selon la transmission, son allié était déjà.

Et c'était le cas, il faisait les cent pas et à l'arrivée de Katsuhiro, l'homme s'arrêta et accueillit son inférieur. Prenant une grande inspiration, il posa la question qui le taraudait tant.

« Dites, s'il vous plait? A-t-on ne serait-ce qu'une idée de l'endroit où serait cachée cette fameuse arme au moins? Le Rukongai étant très vaste, j'aimerai autant ne pas avoir à le fouiller entièrement pour la trouver."

(Si longtemps pour si peu, je suis désolé)

La flamme d'une bougie, comme une lueur dans les ténèbres. Une tâche de lumière au milieu des ombres. C'était tout ce qu'on pouvait distinguer au premier abord dans la pièce emplie par l'obscurité. Au fur et à mesure que la vision s'habituait à la faible luminosité, on distinguait plusieurs ombres mouvantes. La flamme dansante ne parvenait pas à tout éclairer, on ne pouvait que deviner ce qui cachait dans la noirceur de la pièce. Et ce qu'il y avait présageait du personnage. Il n'y avait que des étagères, toutes plus ou moins remplies de livres. Ces ouvrages étaient tous de la même couleur, de la même taille. Il était impossible de les différencier les uns des autres. C'était une des façons qu'avait Mokuzo Oros de protéger ses connaissances... Lesdits livres ne se trouvaient pas que rangés sur les meubles, mais jonchaient le sol, certains à moitié déchirés. Ceux-ci étaient les résultats de réflexions erronées, voire plus simplement incomplètes.
Il régnait dans la pièce une atmosphère pesante d'une montagne incommensurable de savoir. On ne pouvait se rendre ici sans être impressionné par ce lieu majestueux. On ressentait un amoncellement incroyable de savoir émaner de ces livres. La plupart des ouvrages n'étaient pas compréhensibles pour le commun des mortels, et n'y étaient pas destinés. Mokuzo écrivait des livres pour augmenter ses propres connaissances, pas pour les diffuser.

En parlant de l'homme de sciences, il était également présent dans la pièce. Adossé sur une chaise en bois tressé, son corps était une ombre parmi les autres. Voûté, il ne prêtait pas attention à ce qui pouvait l'entourer. Il n'était concentré que sur son ouvrage, un énième recueil de papier qu'il noircissait d'encre. Il écrivait à la faible lueur de l'unique bougie de la pièce. Lettre après lettre, des mots se formaient. Phrase après phrases, c'étaient des pages qui étaient écrites. L'esprit de Mokuzo était tel qu'il ne perdait pas de temps à écrire : sa pensée allait aussi vite que sa plume. C'était un des résultats de tant d'années passées à poser son savoir sur le papier. Il passait ses journées, ses semaines, ses mois, dans cette pièce, à écrire. Il ne sortait que pour aller chercher d'autre papier, de l'encre, ou des bougies. Il ne dépensait aucune énergie spirituelle, et n'avait donc pas besoin de dormir, ni de manger. Il ne faisait que se concentrer, penser, et écrire. Voilà à quoi se résumait la vie de Mokuzo Oros...

Néanmoins, un jour, ou une nuit, peu importait, une intrusion se fit dans la vie routinière du membre du Yôhei. Elle se fit au moyen d'une capsule, arrivant dans l'étrange bibliothèque dans un chuintement. Elle était arrivée par un tuyau, menant directement à l'extérieur. Le dirigeant du Yôhei pouvait à tout moment contacter Mokuzo via cet intermédiaire, et c'est précisément ce qu'il venait de faire. Un message était contenu dans le récipient. Ce n'était pas pour ça que Mokuzo interromprait ses activités. Il continua à écrire, sans même paraître avoir remarqué la missive.
Le temps passa. Des heures, des jours. Peut-être même plus. La plume de Mokuzo Oros se posa enfin. Sans prendre le temps de relire sa dernière page, il prit le livre entier et le plaça sur la flamme de la bougie. L'effet fut immédiat : la pièce emplie de Ténèbres s'embrasa d'une vive lumière, tandis que le feu consumait le frêle papier. Le livre était réduit à un tas de cendres grisâtres, que Mokuzo balaya de son bureau d'un revers de la main. Pour la première fois depuis des lustres, il se déplia, se levant péniblement de son siège. Il s'approcha du panier de réception des messages, et prit la capsule. Il l'ouvrit, déplia le papier qu'elle contenait. Il se rapprocha de la flamme de la bougie pour pouvoir lire les instructions de son supérieur. Après une brève lecture, il sourit, et reposa la lettre dans la capsule.
Il éteignit la bougie en pinçant la mèche. Dans le noir, il avança au milieu de ses affaires, sans trébucher. Il décrocha du mur son arme, Seisui, sa fidèle lame. Il passa la corde attachée à son fourreau autour de son épaule gauche, la poignée dépassait au niveau de son fort cou. Il ouvrit la porte de sa demeure, et reparti, sûr de trouver tout en l'état lors de son retour.


Son coéquipier tardait. Ils avaient rendez-vous, ce jours précis en cette heure précise, et il était en retard. Mokuzo Oros détestait qu'on le fasse attendre. Il faisait les cents pas...
Enfin son coéquipier daigna se montrer, arrivant comme une mouche au milieu d'une soupe refroidie.

"Dites, s'il vous plait? A-t-on ne serait-ce qu'une idée de l'endroit où serait cachée cette fameuse arme au moins? Le Rukongai étant très vaste, j'aimerai autant ne pas avoir à le fouiller entièrement pour la trouver."

Mokuzo s'arrêta, fixa l'arrivant dans les yeux.

"Bonjour, Katsuhiro. Tu sais, la patience est une qualité, mais la ponctualité est une bien plu sgrande qualité."

Il passa rageusement à côté de son homologue et prit la rue qui faisait face à leur QG. Tout en avançant, il répondit à la question de son acolyte.

"Nous commencerons par aller voir Daltar, dans le 64° district Nord. C'est un marchand de l'ombre, et un très bon informateur. Il me doit un service."

Comptant sa petite fortune, l’homme vêtu d’une grande cape noire ne jeta même pas un dernier regard à son client, qui s’éloignait à pas silencieux.

* Les affaires marchent fort * se réjouissait-il pensivement.

Vendre des informations. Autrefois, les seules choses qu’il vendait étaient des bouts de tissus en plus ou moins bon état. Ce temps-là était cependant révolu. Une rencontre des plus hasardeuses l’avait amené à côtoyer des hommes cupides, avides de pouvoir et peu enclins à se demander si ce qu’ils faisaient était bien ou mal. Après tout, tant que ça rapportait de l’argent, nulle raison de s’inquiéter. Et l’argent, c’est ce qui intéressait particulièrement Daltar… Cependant, il n’était qu’un pion, un petit rien qui n’était là que pour obéir à des supérieurs qui se permettaient de lui escroquer toute la fortune gagnée, ne lui laissant alors qu’un faible pourcentage du butin de la soirée. Enfin, il n’allait pas non plus se plaindre. Il gagnait beaucoup plus que s’il était resté dans cette minable échoppe de récupération de vêtements.
Non, il n’avait jamais protesté contre ses « maîtres » car en vérité, il ne manquait pas de piquer pas mal de biens à ses « bienfaiteurs ». Argent, documents, informations en tout genre. Depuis qu’il était dans ce « métier », dans l’ombre, il était parvenu à se créer un réseau de contacts et ainsi, il parvenait à récupérer des renseignements et toutes sortes d’indications en exclusivité.
Il était plutôt fier de lui. Ce petit jeu le faisait se sentir drôlement puissant et terriblement important.

Bien, il ne lui restait plus qu’une dernière personne à voir et il aurait fini sa journée. Là aussi, c’était un avantage certain : peu de travail pour beaucoup de revenus. Lui de nature fainéante ne s’en plaignait absolument pas.

* Ah, le voici qui ar… *

Tournant la tête, il aperçut une silhouette qu’il prit d’abord pour son client, avant de s’apercevoir que l’homme était accompagné. Cela ne lui disait rien qui vaille. D’autant plus qu’il avait toujours en tête la menace de mort qu’avait proféré un homme avec qui il avait marchandé. Daltar s’était fait insulté, bousculé et finalement, le désagréable acheteur était parti en laissant échapper un dernier avertissement.
Et si ces deux types étaient venus lui faire la peau ?
Le marchand pensa également à son voisin… A ses débuts, Daltar, fier de l’argent qu’il avait amassé ne se privait pas pour le montrer, attisant par là la convoitise de ses proches. Peut-être que des tueurs avaient été engagés pour qu’on puisse ensuite lui voler sa fortune ?!

Quelques secondes passèrent…

Finalement, il reconnut un visage familier. Ouf ! Les traits de son visage se relâchèrent. Ce n’était donc pas aujourd’hui qu’il allait mourir.

« Hé bien, hé bien ! Je craignais qu’il ne vous soit arrivé malheur ! Que puis-je pour vous ? » demanda Daltar avec un sourire à faire peur au plus courageux des gamins.

Comme d’habitude, Oros n’était pas des plus sympathiques. Peu bavard, il semblait vouloir aller à l’essentiel, se passant des formalités les plus banales. Rooh dire bonjour ne l’aurait pas tué quand même.
Daltar se passa cependant de commentaires. Il fallait dire que l’individu en face de lui n’était pas franchement rassurant… Rien que son allure laissait à penser qu’il ne valait mieux pas embêter de quelques manières que ce soit cet homme. Dès l’instant où le marchand d’information posait les yeux sur ce type, il avait l’impression de faire face à une bête… Ce qui n’était pas vraiment une hallucination de sa part.

Tout ça pour dire que Baltar considérait que plus vite il donnait l’information voulue et mieux il s’en porterait.
Il ne fallut que quelques secondes aux deux membres du Yoheï pour expliquer le pourquoi de leurs venus en ces lieux malfamés. Une arme ancienne ? Durant quelques secondes, le marchand les fixa, suspicieux. Lorsqu’une personne demandait ce genre de renseignements, c’était rarement à des fins utilitaires ou bénéfiques pour la société… Mais après tout, ce n’était pas le travail du « vendeur » que de juger ses clients. Après tout, ils avaient vendu maintes informations sans se soucier le moins du monde si ce qu’il faisait là était « bon » ou « mauvais ».

Après un laps de temps assez court, il consentit à leur dire ce qu’il savait.

« J’ai bien quelque chose à ce sujet. Aaattention ! Je ne dis pas que ce que vous trouverez là-bas soit ce que vous cherchez réellement, mais j’ai entendu dire par l’un de mes précieux informateurs qu’il existait bel et bien un objet d’une puissance inégalable. Objet, arme… Qu’importe le nom que vous lui donnez. Je connais seulement le lieu où l’on peut le trouver… Cependant, je n’ai pas encore pu vérifier l’exactitude de ces informations, aussi, il ne faudrait pas que vous vous fassiez des idées… »

Bon… Baltar ne vérifiait en réalité jamais ses informations, mais il préférait en « informer » le client. Il fallait dire qu’ainsi prévenus, ils ne pouvaient demander un quelconque remboursement de la part de l’informateur. C’était à leurs risques et périls, et dans la majorité des cas, beaucoup se faisait pigeonner sans pouvoir prétendre revoir leurs fortunes.
Mais Baltar n’était pas non plus stupide, et il était des gens dont il ne valait mieux pas se moquer. Oros était de ces gens-là.

« Bien… discutons prix si vous le voulez bien. »

Un petit sourire s’afficha sur son visage. Pour une information de cet ordre, ils allaient casquer ! Et pas qu’un peu. Mais cette joie soudaine se détériora rapidement, lorsque la pointe d’un sabre vient le prendre à la gorge. Le message était assez clair.

« Ah ! S-Suis-je bête ! Oui, bien sur, tu ne payes rien ! Puisque tu m’as aidé il y a quelques temps dans une affaire… »

Bon bah… Pour le coup, il n’allait pas vraiment s’enrichir. Tant pis. Désormais, il ne voulait qu’une seule chose : qu’Oros et son compagnon quitte les lieux !

« Ce que vous cherchez se trouve dans une grotte. Pour y parvenir, vous devez d’abord vous rendre à la lisière de la forêt, au niveau de la zone Ouest du Rukongai. Un début de chemin a commencé à être tracé. Suivez-le. Il ne va pas très loin cependant… Il faudra donc forcer ensuite un passage dans la direction Nord-Ouest. L’entrée de la grotte est marquée par un gigantesque bloc de pierre qui semble sortir des profondeurs de la Terre… Normalement, il est impossible de se tromper. »

En plus de ces informations, il donna à Oros une carte indiquant le trajet à suivre, bien que les indications à hautes voix fussent exactement la description de la carte.
Bah, au moins, Oros ne pourrait dire que le marchand était de mauvaise foi.

Quelques secondes plus tard, Baltar se retrouva seul de nouveau, soulagé.

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