[Mission] Contrôle mental

Illustre anonyme Messages : 61 Date d'inscription : 16/03/2010

La vie de Keigo était loin d'être simple ces derniers temps. D'abord, il devait faire face aux problèmes que tout adolescent normalement constitué rencontrait, à savoir les devoirs et les filles (qui n'étaient un problème que parce qu'il n'avait pas de succès auprès de celles qu'il convoitait) et ensuite, il avait des problèmes plus personnels, comme sa grande soeur qui le tyrannisait, sans oublier (et ça c'était le problème le plus problématique) les deux types louches qui squattaient chez lui. Ça faisait un mois qu'Ikkaku et Yumichika s'étaient installés dans leur appartement, et il était le seul à ne pas trouver ça normal! M'enfin c'était pourtant évident que ces types étaient dangereux! Mizuho aussi le verrait bien si Ikkaku était moins chauve, d'abord! (Pas chauve, rasé, se corrigea mentalement Keigo, traumatisé par un mois entier à recevoir des baffes chaque fois qu'il se trompait là-dessus.) En plus des fois, ils faisaient ce truc super bizarre : ils avalaient chacun une pilule et ils sortaient de leurs corps. On voyait ça dans les films, pas dans la vraie vie! Okay, dans la vraie vie il n'aurait pas non plus du y avoir de monstres qui se promenaient en ville. Mais quand même, ça restait assez troublant toute cette histoire. Keigo n'avait pas grand-monde à qui en parler. À sa soeur? Elle ne l'écouterait pas, et puis si ça revenait aux oreilles d'Ikkaku ou de Yumichika, il était mort, ça c'était sûr! À Mizuiro? Il ne le croyait déjà pas quand il lui disait voir des monstres voler au-dessus de la rue! Les seuls qui auraient vraiment pu l'écouter, ça aurait été Ichigo ou Chad, mais ils ne venaient plus en cours et aucun des deux ne répondait sur son portable. Keigo était seul contre tous.
Ça le rendait tellement malheureux qu'il n'avait pas à coeur de faire ses devoirs (ça incluait rentrer à l'appartement, là où il avait le plus de chances de croiser les deux squatteurs), du coup il traînait dehors avec Mizuiro.

« Eh, Mizuiro..., commença-t-il, mais son ami était pendu au téléphone, sans doute en train de discuter avec sa petite amie étudiante, et ne l'écoutait pas, Bon bah c'est pas grave, continue à m'ignorer, sans-coeur ! »

Ça n'eut malheureusement pas l'effet escompté : Mizuiro ne prit pas plus conscience de sa faute qu'il ne s'apitoyât sur son sort, il continua de regarder devant lui en parlant à quelqu'un qui n'était pas là, et qui donc méritait moins d'attention que Keigo, du moins selon la logique de celui-ci. L'adolescent lâcha un soupir tragique et mit ses mains dans les poches de son pantalon ; tous deux portaient encore l'uniforme de leur lycée, mais lui avait dénoué sa cravate et l'avait fourrée dans une poche. Il se mit à la triturer entre ses doigts sans se rendre compte qu'il la froissait ; il pensait à autre chose.

Le Hollow avait été pris en chasse par deux shinigami trop forts pour lui, et s'il ne trouvait pas rapidement une solution, il allait y rester! Il ne pouvait pas s'enfuir éternellement, ils étaient rapides ces mecs-là! La meilleure chose à faire, c'était de se planquer dans le corps d'un humain en attendant que l'orage passe... malheureusement, aucun n'avait suffisamment de pouvoir spirituel pour accueillir le reiatsu d'un Hollow! Ça ne lui posait pas problème d'habitude, il se fichait de ce qui arrivait à ses hôtes puisqu'il les mangeait de toute façon, mais cette fois-ci, le corps devait résister pour lui laisser le temps de prendre la tangente! Le Hollow commençait vraiment à s'inquiéter quand soudain, il repéra l'hôte parfait : un humain, juste devant lui dans la rue commerçante! Il allait pouvoir se planquer là! En plus avec la foule qu'il y avait ce jour-là, aucun des gus qui le poursuivaient n'allait prendre le risque de l'attaquer! Content de lui, le Hollow s'élança en direction de sa victime. Son corps s'évapora, mais c'était temporaire : il se reconstituerait en quittant son hôte.

Keigo ne se sentait pas très bien. Pas bien du tout, même. La rue tournait autour de lui, de plus en plus floue, de plus en plus lointaine...
Mizuiro s'arrêta et se retourna en entendant son ami s'étaler de tout son long sur le trottoir.

« Je te rappelle plus tard, dit-il avant de rabattre le clapet de son téléphone portable. Allons bon, qu'est-ce que c'était que cette fantaisie, encore? Vous avez passé l'âge de faire un caprice en pleine rue, Asano. »

Comme il n'obtenait aucune réaction, Mizuiro se résigna à s'accroupir auprès de lui, non sans soupirer et prendre un air blasé. Il avança une main et secoua Keigo par une épaule, mais son ami ne bougea toujours pas. L'adolescent sentit l'inquiétude le gagner, mais il ne voulut pas le laisser paraître : ça pouvait très bien être une blague pour l'obliger à raccrocher, même si en pleine rue... D'habitude Keigo se souciait un peu plus de l'image qu'il renvoyait.

« Dans ce cas je vais appeler l'hôpital, je pense, dit-il laconiquement en rouvrant son portable, mais Keigo se redressa sur ses coudes au même moment et il suspendit son geste, Ah, vous...
— La ferme », dit son ami d'une voix que Mizuiro ne lui connaissait pas.

Il l'attrapa aussitôt par la gorge, empêchant Mizuiro de répondre quoi que se soit, et se remit debout sans desserrer sa prise. Le lycéen ouvrit la bouche, les yeux écarquillés. Qu'est-ce qui était en train de se passer? Et pourquoi... pourquoi Keigo faisait-il ça?! Comment pouvait-il être aussi fort, lui qui demandait souvent à Chad d'ouvrir sa boîte à bentô à sa place? Sa respiration devenait de plus en plus difficile. Les gens autour d'eux commencèrent à s'approcher mais bizarrement, ceux qui se tenaient le plus près d'eux avaient les jambes qui commençaient à trembler ; ils courbaient l'échine, comme incapables de supporter un poids trop important pour eux. Mizuiro sentait ça lui aussi, une pression qui lui écrasait la poitrine en même temps que la main de Keigo comprimait sa trachée.

« Ke... i... go... », hoqueta-t-il, cherchant l'air comme un poisson hors de l'eau.

Des points noirs dansaient devant ses yeux, et les larmes coulaient autant que sa salive. Ce n'était pas Keigo. Il en était sûr.
Ce n'était pas...

L'écran du téléphone se fissura en tombant sur le sol.

La fin de l'après-midi est un moment paisible, lorsque l'on se prépare à quitter le lieu de travail sous un soleil orangé, donnant sa couleur de petit pain doré à l'horizon et nous intimant l'image d'un lendemain bien frais après un retour doux et attendu au foyer. On se laisse souvent aller à marcher sous le ciel et la brise de l'été, rêvant aux oiseaux qui se disputent une branche tendre qu'il leur accordera un reposoir tranquille pour la nuit. Quand on peut apprécier ces moments, finie la vie dure, oubliés, les klaxons tonitruants et les chauffards injurieux des rues ! Les tags ressemblent à des œuvres d'arts, les ordures à des statues, et on flâne, on flâne.

Hiyo et Saruka se tenaient main dans la main. Les chaînes qui les retenaient à ce monde vide de sens s'entrelaçaient alors qu'ils avançaient silencieux sur le sentier battu, le long du canal. Ils avaient péri ensemble, et jamais leur amour n'avait pu être plus fort. Deux êtres, liés par le destin, désignés par la vie pour la lâcher si vite. Ils regrettaient, bien sûr, le temps de leurs joies, à lécher des glaces sous un prunier en fleur, à sauter sur les chevaux de bois du manège près de la place, à s'enlacer dans les salles de cinéma sombres. Peut-être était-ce pour cela que le chemin vers le ciel ne leur était pas apparu ? Quoiqu'il en soit, ils avaient pris leur décision : ensemble, à deux, ils monteraient là-haut, et traverseraient les nuages. Ils étaient invincibles. Saruka releva une mèche de ses cheveux d'airain, Hiyo sourit.

-Nous y serons bientôt.

-Oh, mon Hiyo, que je t'...

-Hyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!!

Filant à travers tout sur ses jambes ridicules, la bouche ouverte, suant à grosses gouttes, une silhouette blanchâtre sépara les deux tourtereaux, se prit le pied dans une ornière, s'écrasa au sol, se releva puis repartit en trombe, comme si sa vie en dépendait. Les deux âmes se regardèrent un instant, des sourires hébétés aux lèvres. Comme les cris de peur de l'étrange chose qui venait de les croiser se faisaient plus lointain et que le vent recommençait à souffler normalement, les amoureux reprirent leur marche. A peine avaient-ils posé un pied en avant qu'une masse les jeta tout deux au sol, et sans s'arrêter une seconde, hurlant à tue-tête, partit dans une course effrénée, brandissant dans ses bras puissants une arme qui ressemblait vaguement à un katana.

-Saligaaaaauuuuuudddd !!!! Tu vas t'arrêter, ouais ?! Tu penses que ça m'amuse de courser des lâches ?!

L'homme sauta en avant afin d'éviter un couple de vieilles personnes qui arrivait en face de lui. Avec un nouveau bond, il se propulsa sur un réverbère et s'y arrêta. Affichant une mine blasée, il passa son arme par dessus son épaule et se gratta la tête. Rien à faire, ce minable avait beau être faible, il avait le don pour s'échapper. Les rats étaient souvent comme ça, insaisissables. Cependant, médire de son ennemi ne faisait pas partie du caractère du soldat que nous observons. Si un adversaire était faible, il l'achevait sans attendre. Si au contraire, il se trouvait que son opposant valait la peine d'être combattu, il ne tarissait pas d'éloges, qui filaient au cœur du combattant adverse aussi vite que ses coups de sabre, et il fallait estimer autant l'un et l'autre car, d'une part, l'épéiste en question était un maitre dont l'avis comptait beaucoup, et d'autre part parce que sa précision n'était pas à oublier.
En l'occurrence, et en ce moment, Madarame Ikkaku -puisque c'était bien lui- n'était pas disposé à garnir l'image de son ennemi de brillants compliments, mais plutôt à accorder à son dos quelques coups de pied qui lui feraient regretter tout le temps qu'il avait passé à le faire courir, lui. Se battre, c'était marrant, mais devoir entamer un marathon à chaque fois pour pouvoir avoir une chance de le faire, c'était vraiment casse-pied !
Fermant un œil, fatigué par la lumière vacillante d'un soleil déclinant qui se laissait particulièrement bien glisser sur son crâne dégarni, Ikkaku s'accroupit. Bon, il avait perdu la trace de cette saloperie. Ça allait être la galère, particulièrement parce que ce hollow était faible et qu'il allait devoir le repérer par sa puissance spirituelle. En général, ce genre de missions de recherches était assigné à d'autres, plus performants dans ces boulots techniques, mais là, son ami Yumichika(qui arrivait justement, maintenant qu'on le dit) et lui étaient justement de faction dans le coin, prétexte qu'avaient utilisés la Soul Society pour casser leur repos bien mérité sur les bancs d'un parc et aller chasser le monstre. Téh ! L'envie le prenait bien de rebrousser chemin, mais, ayant déjà détruit une bonne partie des quartiers commerciaux du centre-ville lors d'une altercation fort mouvementée avec un hollow coriace, il avait intérêt à se faire bien voir, s'il ne voulait pas que les frais de ses prochaines bavures ne soient débités sur sa paie mensuelle. Notez, l'argent ne pesait pas énormément sur sa balance, mais il en fallait, quand on avait besoin de molaires de rechange ou de pansements bien serrés...

Le troisième siège rejeta la tête en arrière, par dessus son épaule, fixant le lointain d'un air calme. Ouvrant l'oeil, il se releva et empoigna son zanpakuto, l'air décidé. Assuré, il se redressa de toute sa hauteur. Sans regarder Yumichika, il dit :

"Et on fait quoi, maintenant ?"

Spoiler:

Yumichika était occupé à... rien du tout, en fait lui et Ikkaku glandaient sur un banc au moment où leurs portables respectifs avaient émis le même 'bip' strident annonçant l'irruption imminente d'un Hollow chez les vivants. Un rapide coup d'oeil au radar leur avait confirmé ce qu'ils redoutaient déjà : ils étaient les seuls shinigami dans ce secteur, ils n'allaient pas pouvoir laisser un autre s'occuper de cette tâche ingrate (d'après l'estimation de l'énergie spirituelle, le monstre qui venait d'apparaître était loin d'être un caïd, un petit coup de zanpakutô pour trancher la tête et ce serait réglé). Un seul d'entre eux aurait suffit, mais ni l'un ni l'autre n'avait envie de baby-sitter le gigaï de celui qui partirait, alors autant y aller tous les deux. Ils iraient plus vite de cette façon : le premier zigouillerait le Hollow, le second se chargerait d'enterrer les âmes qu'ils croiseraient sur les lieux de l'attaque.

Ils ne mirent pas longtemps à rejoindre le Hollow. Il était dénué de tout intérêt : non seulement son niveau d'énergie spirituelle ne lui permettrait pas de tenir une minute contre l'un des shinigami, mais de plus il ne se rattrapait absolument pas sur le plan physique : il était disgracieux au possible (techniquement, les Hollow n'étaient pas beaux à voir, mais il arrivait qu'ils compensent leur laideur globale par un trait particulier, n'importe quoi qui eut empêché Yumichika de trop plisser le nez). Bref, c'était un monstre quelconque et, comme il n'y avait pas la moindre trace de plus dans les environs, le cinquième siège en conclut qu'ils seraient bientôt de retour sur le banc et que leur journée s'achèverait tranquillement. Il se trompait.

Dès qu'il les aperçut, le Hollow prit la poudre d'escampette avec une rapidité inattendue. Ikkaku s'empressa de se lancer à sa poursuite, Yumichika le suivit et c'est ainsi qu'ils se retrouvèrent à cavaler dans les rues de Karakura. Ce monstre était vraiment très rapide, en tout cas bien plus que ses poursuivants sans utiliser de shunpo. Ils finirent par perdre leur cible de vue, mais son empreinte spirituelle restait fraîche sur son passage et leur permettait de ne pas perdre totalement sa trace.
Ils coururent ainsi jusqu'à un canal que longeait un chemin de terre au pied d'une petite butte ; en haut, de l'autre côté de la rambarde, c'était la route. Contrairement à Ikkaku qui continuait de brailler inutilement après le Hollow, Yumichika ne manqua pas le couple d'âmes qui venaient de s'affaler au bord de l'eau. À en juger d'après leurs chaînes du karma, qui tintaient alors qu'ils s'aidaient à se relever, ils n'étaient pas morts depuis très longtemps. Malheureusement, le cinquième siège avait des consignes à respecter... Il s'arrêta en face des fantômes. Ces derniers le dévisagèrent d'un air plus que surpris, mais il n'avait pas de temps à perdre à leur expliquer ce qu'il était, ce qu'il allait leur faire et ce qui se passerait une fois qu'il l'aurait fait. Tout en s'efforçant de rester concentré sur le reiatsu du Hollow qui s'éloignait à toute vitesse, Yumichika tira donc son zanpakutô de son fourreau. Les deux plus eurent un mouvement de recul, mais il fut sur eux en deux pas et appliqua sans ménagement la poignée de son sabre sur le front de l'homme. Le symbole "mort et vie" s'imprima sur sa peau et aussitôt, le fantôme s'estompa. La jeune femme qui restait dévisagea alors Yumichika plus calmement. Ses mains, que jusqu'à présent elle avait gardé contre sa bouche pour étouffer un cri d'effroi, se décrispèrent et retombèrent le long de son corps. Yumichika n'attendit pas qu'elle le remerciât avant d'enterrer son âme à elle aussi. C'était trop bête.

Avec tout ça, il avait perdu la trace du Hollow. C'était aussi le cas d'Ikkaku : il le rattrapa un peu plus loin, perché sur un réverbère et l'air concentré. Il s'approcha en silence et s'arrêta au pied du poteau métallique, où à son tour il ferma les yeux. Il avait plus de facilités que son ami en ce qui concernait la maîtrise et la perception de l'énergie spirituelle ; ce n'était pas quelque chose dont il pouvait se vanter dans sa division, mais c'était plutôt utile dans une situation comme celle-là.
Il rouvrit les yeux au bout d'une minute.

« Ça va, il est encore dans le coin. » dit-il en s'élançant de nouveau.

Le Hollow avait atteint le centre commercial. Yumichika fronça délicatement les sourcils. Bon, cette fois-ci leur cible était plutôt minable, il n'y aurait donc pas de gros dégâts comme le jour de leur arrivée à Karakura... Ils s'étaient sacrément faits engueuler par le capitaine Hitsugaya après cet épisode. Pour leur défense, le Menos était massif et n'avait pas hésité à lancer des cero dévastateurs. Oui, ils l'auraient sans doute eu beaucoup plus rapidement s'ils s'y étaient mis à deux contre un... toutefois le capitaine Hitsugaya avait eu la décence de ne pas énoncer cette possibilité devant eux.
Une fois de plus, Yumichika avait surestimé la facilité de leur mission. Il s'en rendit compte quand le reiatsu du Hollow s'évanouit. Il fit halte au bord du toit d'un immeuble et chercha son empreinte dans les alentours, mais rien.

« Et merde ! Je l'ai perdu, annonça-t-il à Ikkaku, On dirait qu'il s'est volatilisé. »

C'était assez étrange. Le cinquième siège aurait parié que le Hollow n'était pas retourné dans le monde intermédiaire à celui des vivants. Non, sa disparition s'était faite en douceur, comme la flamme d'une bougie qu'on souf-
Une petite minute. Il l'avait retrouvé. Yumichika se pencha au-dessus du vide et scruta la foule humaine qui grouillait en contrebas. Le Hollow était toujours parmi eux, maintenant il le percevait de nouveau mais de façon totalement inhabituelle. Ses émissions d'énergie spirituelle étaient brouillées et discontinues. Il était impossible de localiser précisément sa position dans ces conditions. Mince, mais où se planquait-il... Il abandonna un instant cette question en reconnaissant deux silhouettes au coin de la rue. La présence de leur hôte et de Mizuiro (il était mignon, alors Yumichika s'était donné la peine de retenir son nom) n'avait rien de surprenant en elle-même, mais ils se comportaient vraiment très bizarrement. Il hocha la tête dans leur direction

« Ikkaku, regarde là-bas. C'est une de leurs coutumes modernes ou il y en a un qui essaye d'étrangler l'autre ? »

Comme ce n'était pas vraiment une question, le cinquième siège passa par-dessus le rebord du toit. Quelques mètres plus bas, il prit appui contre le mur de l'immeuble et s'élança à travers la rue, pour se réceptionner sur le trottoir non loin des deux adolescents. Il s'avança vers eux à pas rapides et attrapa leur hôte par le dos de sa chemise. Ce n'était pas son genre d'intervenir dans les combats des autres, mais là, c'était loin de ressembler à une baston correcte : la strangulation ne comptait pas. Et puis Mizuiro devenait bien laid avec la teinte violette que prenait son visage.
C'est à cet instant que le reiatsu du Hollow refit des siennes. Yumichika écarquilla les yeux

« Tu...! »

Spoiler:

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Malgré les nombreux points noirs qui s'attaquaient rapidement à sa vision périphérique, Mizuiro distinguait encore suffisamment bien le visage de Keigo pour se rendre compte qu'en plus de son comportement, quelque chose clochait avec ses yeux : sa sclérotique avait viré au noir et ses yeux étaient devenus deux petits globes jaunes. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, pourquoi son ami l'étranglait, pourquoi il avait l'impression que c'étaitquelqu'un d'autre qui dirigeait le corps de Keigo... Mizuiro suffoquait et, plus que de l'incompréhension, c'était la peur qui l'envahissait. Sa poitrine lui faisait mal, ses poumons réclamaient un oxygène qui ne venait pas. Ses doigts dérapèrent sur le bras qui le maintenait plaqué contre le mur de la rue, trop faibles pour maintenir une prise de toute façon inutile : Keigo paraissait anormalement fort.
La dernière chose que vit Mizuiro à travers le brouillard obscur qui tombait sur ses yeux, ce fut une silhouette noire qui s'avançait vers eux. Il ne la reconnut pas et sombra dans l'inconscience.

Le Hollow s'était laissé emporter. Il n'y pouvait rien : malgré des pouvoirs plus tournés vers la subtilité que la violence animale, il restait à l'écoute de ses instincts et, même si l'humain qu'il côtoyait était plus faible que l'hôte qu'il occupait actuellement, son niveau d'énergie spirituelle était légèrement plus élevé que celui des autres humains de la rue et cela suffit pour réveiller son appétit, mis de côté pendant sa course. À ça devait s'ajouter l'agacement que ressentait déjà son hôte à l'égard de l'autre humain et qui, sans le Hollow, n'aurait jamais entraîné une réaction aussi violente de sa part. Il ne réfléchit pas aux conséquences de son acte sur sa couverture et décida de broyer aussitôt le cou grêle du jeune humain. Ses mains serrèrent sa gorge si fort que l'adolescent pâlit en un rien de temps ; l'excitation du Hollow redoubla. Quelle délice de lire la peur dans les yeux de sa proie! Et quel délice aussi de sentir les frémissements d'horreur de son hôte! Car oui, Keigo n'avait pas totalement perdu conscience : l'activité de son corps lui parvenait toujours sans qu'il puisse contrôler le moindre de ses gestes. Son impuissance était vraiment à hurler de rire!

Ça devint un peu moins drôle quand les shinigami apparurent subitement près de lui et que l'un d'eux, avant que le Hollow ait eu le temps de s'échapper, l'attrapa par ses vêtements pour le tirer en arrière. Eh meeerde, voilà qu'il avait négligé ses émissions de reiatsu! Il ne pouvait pas les dissimuler tout à fait, mais s'il avait été plus prudent, les deux gus seraient encore en train de le chercher! Bah, de toute façon il gardait l'avantage dans cette situation...
Le Hollow pivota sur lui-même et envoya son pied dans le ventre du shinigami le plus proche de lui. Il habitait peut-être un corps humain, mais son pouvoir lui permettait de faire circuler son énergie spirituelle à l'intérieur même de son hôte et d'ainsi, augmenter considérablement sa force physique. Le coup de pied repoussa le shinigami dans la foule agenouillée qui les entourait et lui permit de se tourner face à celui qui restait, un chauve qui devait se polir le crâne. (Le Hollow se surprit à se corriger lui-même : ce crâne était rasé, pas chauve, rasé, impeccablement rasé. Hein?)

« Salut, shinigami ! Si j'étais toi, je bougerais pas de là où j'suis. »

Il décolla le corps de Mizuiro du mur et le ramena contre lui. L'humain évanouit ne pesait pas très lourd, mais il lui immobilisait quand même un bras. Bah, tant qu'il gardait un otage, les choses devraient aller toutes seules... Il fit un pas en arrière sans quitter le chauve des yeux, et se risqua à sourire d'un air moqueur, les yeux écarquillés par le sentiment de triomphe qui l'envahissait.

« Parce que si tu bouges, ces deux humains risquent de morfler, tu vois. Et c'est votre rôle de protéger le garde-manger, pas vrai, shinigami ? »

Il rit alors de sa propre blague. C'était un rien dérangeant d'entendre Keigo rire plus méchamment que bêtement comme il le faisait d'habitude. Il serra un peu plus fort l'humain contre lui, de façon à bien faire comprendre à ses poursuivants qu'il ne plaisantait pas : cet otage-ci était le moins précieux de ses laissez-passer et il n'hésiterait pas à lui broyer la nuque à titre d'exemple. Plein d'une assurance légitime, le Hollow parasitaire eut l'audace de relancer le ~~chauve~~ rasé près de lui.

« Ha ha ha ! C'est frustrant de ne pas pouvoir agir, pas vrai ? Tu crèves d'envie de m'attaquer mais tu peux pas, hein le chauve ! »

Quelque part au fond de lui, il sentit son hôte avoir des sueurs froides et, bien malgré lui, l'inquiétude le gagna. Pour s'en débarrasser, il se força à sourire plus largement, pour bien montrer que lalala~ ♪, c'était lui qui menait la danse.
Lalala~♫
Lala... la...
Mais qu'est-ce qu'il avait à crever de trouille, cet imbécile d'hôte?

Dans le domaine de la recherche spirituelle, Ikkaku était médiocre, et, s'il en avait conscience, il s'en fichait totalement. De son côté, Yumichika, généralement moins attiré par la quête du fait d'arme, avait toujours eu plus de facilités pour ce genre de choses que son compagnon, et il ne fut donc pas surprenant qu'il soit le premier à repérer leur cible. Sans attendre, ils se dirigèrent tous deux vers le lieu d'émission du reiatsu de leur proie (qu'Ikkaku sentait à peine, ce qu'il n'appréciait guère...pas qu'il soit jaloux de Yumichika, tel sentiment ne faisait pas partie de son caractère, mais il avait la vague impression de courir pour rien). Soudain, son ami s'immobilisa. Le troisième siège, intrigué, le rejoignit rapidement ; la trace du hollow avait disparu, apparemment. Ikkaku haussa les épaules, de toute manière, lui-même ne l'avait pas vraiment repéré, alors, il estimait que cela ne changeait plus rien. En plus, ce crétin était un lâche et ne valait pas un beau combat.

Ikkaku tournait déjà les talons, prêt à retrouver le banc tranquille où il avait passé son après-midi à glander en beauté en se posant d'inutiles questions dont les réponses lui importaient peu sur le monde des vivants, quand une remarque de son ami capta son attention. Un gars, en étrangler un autre ? De quoi ? Alors que le soldat Madarame s'apprêtait à demander une explication, tournant doucement la tête, l'air las, il s'étonna de voir que son ami avait disparu de sa position, se trouvant à présent dans la rue, à quelques dizaines de mètres au pied du bâtiment sur lequel Ikkaku était encore perché. Effectivement, ces mecs étaient louches, à se ... mais, c'était pas Kno...Kyo..Kazego... l'autre imbécile chez qui ils squattaient, ce type-là ?! Il avait l'air de s'exciter, sérieux.

Un rapide shunpo eut tôt fait d'éviter au shinigami une analyse plus complexe de la scène de ce point de vue reculé ; ouais, le gars avait l'air amoché, le pauvre. Il l'avait déjà vu, celui-là, c'était un de ceux qui composaient le décor de cette horrible scène que les humains appelaient "lycée", où ils avaient été forcés d'enfiler cet horrible uniforme qui gratte et où les boken -ces jouets de bébé- étaient même interdits ! Quoiqu'il en soit, et qui que le gars puisse être, il en restait que celui qui semblait le plus mal en point se trouvait devant lui : son hôte. Il n'avait pas l'air particulièrement malin avant, mais à présent, au vu de ses mimiques, on pouvait affirmer que, s'il n'était pas vraiment attardé, il était très bon comédien. Ikkaku le toisa avec une mine empreinte de l'incompréhension la plus profonde, mais l'humain ne le regardait pas : les yeux fous, un rictus de surprise ancré aux lèvres, il serrait fermement les poings en maintenant par le col le corps presque inanimé de son... ami ? Bizarre... Ikkaku avait toujours cru que la seule chose dangereuse auprès de ce gamin était sa sœur, mais apparemment, il s'était trompé.

Le troisième siège écarquilla les yeux quand Yumichika, percuté par un coup de pied inattendu, fondit dans la foule des humains, surpris par une attaque si vive. Tch ! Il cherchait la baston, lui ! Ikkaku ne s'inquiétait pas pour son ami, qui était loin d'être une mauviette, mais un dilemme plus que cornélien lui enserrait l'esprit : d'une part, il désirait fendre la tête de ce type dont les expressions de suffisance actuelles l'agaçaient plus que tout, d'autre part, l'attaquer revenait à mettre en danger ce garçon qu'il gardait en otage, et surtout... son gîte pour la nuit ! Aussi collante que puisse être sa harpie de sœur, Ikkaku doutait qu'elle le laisse encore crécher chez elle s'il lui ramenait son frère en lambeau, sous prétexte qu'il était vraiment lourd. Tandis que le vaillant soldat enfouissait sa concentration sous ces questions épineuses, l'autre continuait son monologue, convaincu qu'il terrifiait celui dont la seule oreille attentive ne captait que des sons graves et discordants qui contribuaient à l'amplification de son énervement. En plus d'être faible et stupide, il était bruyant, et ça commençait à bien faire.

Les yeux fermés d'Ikkaku, tentant tant bien que mal de trouver une solution diplomate (difficile quand on sait qu'il représentait plus que quiconque l'idéologie de sa division) à cette mauvaise blague, n'empêchèrent pas qu'une veine à sa tempe aillent en grossissant alors que l'immonde humain ricanait comme un singe devant une noix de coco (Ikkaku se surprit à ne pas comprendre sa comparaison). Et en parlant de singe... siemisque était l'expression du troisième siège à l'instant même. Quoi ?! Il avait bien entendu ?! Chauve, lui ?! Apparemment, le message passait bien entre eux : l'humain cherchait à se suicider... Oui, voila qui réglait toute la question... Il allait le tailler en pièces.
Ouvrant les yeux qu'il garda plissés, dans son expression de colère la plus tacite, les lèvres retroussées, Ikkaku fit sauter un pouce la lame de son zanpakuto, qui cliqueta.

"-Toi, t'es mort."

Ni une ni deux, le bras puissant de Madarame empoigna l'humain par le col de sa chemise de lycéen, tandis qu'il dirigeait de son autre main un puissant coup de fourreau vers le nez du pauvre Keigo, dont l'expression apeurée et ridicule habituelle sembla un instant rejaillir...

Il n'y avait pas d'erreur possible : l'énergie spirituelle que Yumichika captait par intervalles était bel et bien émise par leur hôte. Mais comment une chose pareille était-elle possible? Il savait que certains Hollow possédaient des pouvoirs particuliers, mais il n'avait jamais entendu parler de ça! Pourtant, le reiatsu de leur cible se mêlait à celui, plus faible, de l'humain qu'il venait de tirer en arrière. De surprise, Yumichika fut moins prompte que d'habitude à réagir. Le pied de leur hôte s'enfonça dans son estomac avec une violence insoupçonnée, qui fit décoller Yumichika du sol et le projeta contre les badauds amassés sur le trottoir. Il se redressa aussitôt, s'appuyant sur les hommes et les femmes qui l'entouraient et qui ne comprenaient rien à ce qui se passait.
Entre-temps, le Hollow s'était emparé de Mizuiro, apparemment inanimé, et avait l'air bien parti pour le garder en otage. Yumichika fronça les sourcils. Merde, ce genre de situation comptait parmi les plus chiantes! C'était tellement plus simple de se contenter de sabrer un adversaire jusqu'à ce que mort s'ensuive, personne n'aimait se compliquer la tâche en incluant des personnes à sauver dans l'équation. La onzième division et les princesses en détresse ne faisaient pas bon ménage : ça mettait de meilleure humeur de n'avoir qu'un dragon à zigouiller.
Bon, en tout cas c'était pas avec ses comparaisons à la noix que la situation allait se débloquer, d'autant plus que le Hollow faisait tout son possible pour qu'Ikkaku sorte de ses gonds. Yumichika choisit d'attendre que le troisième siège ait cassé le nez de leur hôte pour intervenir.

« Ikkaku ! le héla-t-il, C'est le Hollow. »

Son reiatsu était retombé, mais aucun doute n'était possible : le Hollow qu'ils pourchassaient tout à l'heure se trouvait dans le corps d'un humain. C'était grotesque! Et encore une fois, ça compliquait drôlement la situation, parce qu'ils allaient sans doute devoir éventrer leur hôte pour le débarrasser de son charmant parasite. Quoi qu'il en soit, ledit parasite n'avait pas l'air totalement dépourvu de moyens, même dans un corps aussi faiblard : le ventre de Yumichika lui faisait encore mal et un arrière-goût de bile traînait sur son palais, il s'en était fallu de peu qu'il vomisse. L'autre était rapide, certes, mais c'était surtout l'effet de surprise qui avait joué en sa faveur ; le cinquième siège ne comptait pas le laisser le frapper une deuxième fois.
Si les deux shinigami n'avaient pas été de la onzième division, un sort de kidô aurait rapidement réglé l'affaire : une corde spirituelle et hop! il se serait retrouvé privé de mouvement, et ils n'auraient plus eu qu'à l'emmener ailleurs pour décider tranquillement de ce qu'il convenait de faire. Malheureusement pour leur hôte, Ikkaku et Yumichika étaient de la onzième division.
Ils allaient sans doute devoir le tabasser jusqu'à ce qu'il ne puisse plus bouger le petit doigt.
Le cinquième siège tira son zanpakutô de son fourreau, mais il ne se mit pas en garde.

« Il n'a plus l'air aussi rapide que tout à l'heure. Qu'est-ce qu'on fait ? On le tue ou on le capture ? »

Même s'ils étaient amis et que leur troupe ne faisait pas de chichis avec des histoires de hiérarchie, Ikkaku restait un officier plus gradé que lui. Yumichika n'allait pas se mettre à lui dire quoi faire, ni à prendre des initiatives alors que le troisième siège était déjà impliqué dans l'altercation. Un bref instant, il se demanda si Ikkaku comprendrait qu'il plaisantait, en proposant de tuer l'humain.
Et puis il se dit qu'un dommage collatéral de plus ou de moins n'allait pas leur pourrir la vie.

Spoiler:

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Il y avait quelque chose de pas normal dans la réaction du shinigami. Il aurait du avoir l'air au moins un peu inquiet pour les otages, mais même pas! Il le regardait d'un air menaçant, et le hollow sentit qu'il avait merdé quelque part. Il en eut la confirmation quand l'autre homme l'attrapa par le col et le frappa violemment au visage. Surpris, le hollow laissa échapper un : « Gyaaah ! » de douleur. Le nez! Le nez avait craqué! Il ne l'avait pas seulement senti, il l'avait entendu aussi! Bon dieu ce que ça faisait maaal! Pourquoi est-ce qu'il n'avait pas le pouvoir de manipuler un corps sans ressentir ce genre de truc? Y allait falloir qu'il travaille ça.
Sa main libre agrippa le poignet du shinigami et l'éloigna d'un coup sec, déchirant au passage la chemise qu'il portait. Le hollow relâcha aussitôt sa prise et bondit en arrière, tout en maintenant Mizuiro contre lui avec ses deux bras. Ayant mis une distance d'une dizaine de mètres entre lui et ses agresseurs, il s'accorda une courte pause, juste le temps d'essuyer le sang qui coulait abondamment de son nez cassé. Sa bouche et son menton, mais aussi ce qui restait de son col étaient déjà devenus rouges et poisseux, sans compter que quand il tentait de respirer par les narines, il émettait un sifflement ridicule qui ne lui apportait pas la plus petite miette d'oxygène. Gardant donc la bouche ouverte, le hollow, sans cesser d'essuyer le sang, dévisagea les deux shinigami d'un air mauvais. C'était quoi son problème, au ~~chauve~~ rasé?! Eh, il avait des otages, il pouvait même en tuer un s'il voulait! Pourquoi il pigeait pas un truc aussi simple?!

*C'est un moooonstre ! entendit-il l'humain geindre, reclus quelque part dans son âme. Comment ça se faisait, que ce type puisse encore entrer en contact avec lui? Il n'aurait pas du en être capable sans que le hollow ne l'y ait autorisé!
— Boucle-la !* lui intima-t-il.

Un monstre, pfff! Et puis quoi encore! C'était lui le monstre, ici, personne n'allait lui voler la vedette! D'ailleurs il allait le démontrer sur le champ.
Le hollow n'était pas spécialement puissant, du moins en temps normal. Sa capacité à parasiter les âmes des autres pouvait, selon la quantité d'énergie spirituelle de ses hôtes, augmenter son propre pouvoir. C'était loin de le rendre invincible, mais contre des shinigami qui, en toute logique, devaient protéger les humains, ça pouvait le faire : à moins que les deux types en face de lui ne soient totalement timbrés, ils ne prendraient pas le risque de riposter trop violemment aux attaques du hollow.
Ce dernier ignorait qu'il n'était pas nécessaire d'être de la onzième division pour tuer un humain, si celui-ci s'opposait d'une façon ou d'une autre à la bonne marche d'une mission. Mais bon, pour le moment il ignorait aussi le lien qu'il y avait entre Keigo et les deux shinigami, alors d'une certaine façon ça revenait au même. Il pouvait rester dans son ignorance bien-heureuse.
Quoi qu'il en soit, il y a un temps pour tout, et celui de je-te-regarde-méchamment-jusqu'à-ce-que-tu-te-fasses-dessus arrivait à son terme. On n'allait pas y passer la journée, il fallait que la menace passe un cran au-dessus. Gardant un bras en travers du torse de Mizuiro pour le tenir sous les aisselles, le hollow posa sa main sur l'épaule de son otage. Il se remit à sourire. Ses doigts se serrèrent brusquement et... Cra~ac. La douleur tira l'adolescent de l'inconscience et lui arracha un gémissement ; apparemment, il ne s'était pas encore remis de l'étranglement.
Le hollow n'avait fait ça que pour le plaisir, mais en entendant le craquement une idée lui vint.

« Eh, je sais ! On n'a qu'à dire que chaque fois que vous vous approchez de moi, je lui casse un truc ! C'est marrant, hein ?, dit-t-il en riant, Sinon, je peux aussi faire ça... »

Sans plus attendre, le corps de Keigo se déplaça à une vitesse supérieure à celle d'un humain, pour se retrouver près du passant le plus proche. Son pied décrivit une courbe en hauteur, puis s'abattit sur le côté du crâne du pauvre homme. La force du coup l'encastra dans le mur, fissurant même le béton de l'immeuble. Le sang éclata tout autour, formant une fleur désordonnée dont les pétales ne tardèrent pas à couler jusqu'au trottoir. Le hollow ne se tenait plus de joie.

« Je peux faire ça ! Je peux faire ça et bien plus encore si vous m'faites encore chier, shinigami ! Tous les humains de cette rue, je peux les broyer en un instant ! »

Il pointa son index sur ses poursuivants.

« Et je peux vous broyer aussi. »

Il se précipita alors sur le ~~chauve~~ rasé pour le frapper. Tout en courant, il changea sa façon de porter Mizuiro, de manière à pouvoir s'en servir comme bouclier contre le shinigami qu'il visait. Ah ha! De cette façon, c'était clair qu'il allait pas pouvoir contrer son attaque! Il allait lui défoncer la gueule à coups e de poing! Qu'est-ce que ça allait être boooon!

Dans la tête de Madarame Ikkaku, il y eut un long silence, que seul venait troubler ce son atroce qui se répercutait en écho, changeant alternativement de tonalité, et augmentait sa rage à chaque fois, tandis qu'il écrasait de son poing la garde de son zanpakuto : "chauve", "chauve", "chauve", "chau.." .. Le hollow avait attrapé son poignet, et, faisant preuve d'une force peu commune, repoussa légèrement Ikkaku, qui lâcha prise, ou pour être plus juste, maintint entre ses mains un pan de chemise blanc et déchiré, qu'il regarda un instant sans comprendre avant de le balancer derrière lui en haussant les épaules. Ouais, bon, il pensait quoi, cet empaffé ? Qu'il était en sécurité parce qu'il avait reculé de quelques pas ? Le sabre au fourreau, la mine plus patibulaire que jamais, le troisième siège s'avança, marchant vers son adversaire avec un air qui présageait bien que quoi que le hollow -c'était lui, avait dit Yumichika- fasse, il allait en prendre pour son grade, et bien plus, parce qu'il devait aussi payer le prix de la course qu'il avait fait faire aux deux shinigamis. Trop énervé que pour répondre à son ami, Ikkaku préféra continuer vers l'humain, dont le nez saignait maintenant abondamment, avec la ferme intention de briser la mâchoire à cet imbécile. Cela dit, maintenant qu'il y pensait, si ce n'était pas le crétin de service, mais le hollow qui lui avait répondu, il comprenait mieux ce qui c'était passé, et exploser la face au corps de son hôte n'était sans doute pas une garantie pour lui de dormir au chaud...surtout s'il le tuait. Téh ! Il allait falloir trouver un moyen de le faire sortir de là, sinon, ça risquait d'être assez emmerdant.

Alors qu'il réfléchissait à cela, Ikkaku s'était arrêté, sans toutefois abandonner son regard meurtrier. Le hollow dû le sentir, parce que l'humain -le visage de l'humain- avait l'air beaucoup moins benêt, sur le coup, même si sa face concentrée sous son nez déformé prêtait plus à rire qu'autre chose. Soudain, un léger craquement se fit entendre, et le gosse que l'imbécile (malgré qu'il sût à présent que c'était le hollow qui lui faisait face, l'automatisme d'Ikkaku à l'appeler ainsi restait bloqué dans sa position) tenait inanimé dans ses bras gémit gravement. Et quoi ? Le troisième siège se demanda si cela avait pour but qu'il s'attendrisse sur le sort du pauvre garçon, ce qui n'était pas le cas ; la mort du gamin impliquerait juste des tonnes d'ennuis bien chiants, et sans doute une restriction sur les missions, ce qu'il ne désirait pas. Arf, y'avait pas moyen, avec lois ! On pouvait détruire la ville autant qu'on voulait (ouais bon, c'était retenu sur le salaire, quand même), mais tuer un seul humain revenait à se faire priver de sortie jusqu'à la fin de ses jours.
De son côté, le hollow n'avait pas attendu que le soldat de la onzième division vienne à lui, et avait filé droit sur le premier passant venu, l'abattant d'un coup brutal en moins de temps que ce qu'il aurait fallu aux deux compagnons pour réagir. Merde ! C'était ennuyeux...non...pas tant que ça, en fait ! S'il avait tué un humain en mission, le shinigami avait le droit de le tuer, maintenant, corps d'imbécile ou pas ! Décidé dans son envie de briser la dentition de son adversaire, Ikkaku s'arrêta : le fourbe menaçait de tuer ses otages un par un si les deux combattants s'avisaient de faire quoi que ce soit.

Ikkaku jeta un œil à Yumichika, qui avait tiré son zanpakuto. Il était vrai que dans leur précédent combat en ville, il n'avait pas laissé beaucoup à faire à son ami, et, comme il l'aurait fallu, ce combat lui revenait de droit. Cependant, le chauve faisait une affaire personnelle de cette insulte, et il supposait ne pouvoir évacuer sa frustration s'il laissait la suite au cinquième siège. Néanmoins, il aurait été un monstre d'égoïsme de ne pas proposer à son camarade un divertissement tel que celui-ci (un punching-ball rêvé, il fallait le dire). Et puis, Yumichika aurait sans doute plus de tact que lui pour sortir le hollow du corps de Kaymo...Kazo..Kiugy...l'imbécile chez qui ils squattaient. Lançant au hollow un regard bien significatif, il se tourna vers son ami.

"-Tu le prends ?"

Il n'eut pas le temps d'attendre de réponse, l'ennemi s'était jeté sur lui, brandissant d'un air goguenard le gosse, qu'il semblait vouloir destiner au rôle de massue, ou un truc du genre. Ikkaku fut pris de l'envie de donner bon coup de pied dans cet armement dérisoire, mais, à bien y réfléchir, le gamin était déjà assez mal en point, et il était assez certain qu'il risquerait d'en mourir. Le troisième siège grogna : marre de ces ennemis avec lesquels ont devait prendre des pincettes ! Cependant qu'il mordait l'air en pestant, le shinigami n'aperçut pas le poing qui arrivait de derrière le petit humain, et qui s'écrasa sur son visage. Il recula de deux mètres, silencieux, l'impact n'avait même pas été assez puissant pour qu'il sente réellement quelque chose. Bon, c'était tout ce dont il était capable ? En même temps, avec l'argument qu'il avait dans les bras, difficile de riposter, et la guerre d'usure commencerait. Ouais, mais non. Alors qu'un second coup de poing arrivait, Ikkaku saisit, abandonnant sa mauvaise idée de trancher le poignet de l'humain, le col de chemise de l'otage et, encaissant à nouveau, il tira d'un coup si violent qu'il arracha le gosse des bras frêle de son ravisseur. Par la même occasion, le troisième siège avait tiré si fort qu'il avait lui même lâché prise et le pauvre garçon filait à présent droit vers le mur opposé. Sa silhouette allait sans doute ressembler à celle de celui que le hollow venait d'abattre, si personne n'intervenait, mais Ikkaku ne se faisait aucun souci, n'ayant pas à s'inquiéter de la réactivité de son équipier.
Maintenant qu'il avait sauvé (si on pouvait le dire ainsi) l'humain, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Le chauve tira son sabre et se mit en garde pointant sa lame en avant de sa position, la main gauche agrippée au fourreau en défense de côté.

"-On fait moins le malin, hein ?... T'avais dit quoi, au juste, tout à l'heure ?! J'vais te massacrer."

Et sur ces mots, joignant le geste à la parole, Ikkaku annihila l'espace entre son adversaire et lui d'un coup, adjoignant à son élan un coup de fourreau qui déciderait peut-être du knock out. Bon, maintenant, il s'agissait de ne pas vraiment le tuer.

Ikkaku ne lui répondit pas mais Yumichika se garda d'insister. Le combat qui venait de commencer (et qu'on pouvait difficilement appeler un combat, à moins peut-être de plisser les yeux et d'en profiter pour se convaincre que les fées existaient) captait toute l'attention de son ami, et ce n'était pas difficile d'en deviner la cause : Ikkaku se montrait féroce quand on critiquait son crâne, et son compagnon de toujours savait que même lui devait surveiller ses paroles si jamais le sujet était abordé. Il soupira. Si le hollow s'évertuait à le rendre furax, la situation allait encore dégénérer et là, il serait encore moins facile de régler le problème. Bon, le reiatsu de leur ennemi n'était pas très conséquent, ils n'auraient pas à demander l'activation d'une barrière spirituelle pour protéger les âmes des alentours : c'était déjà ça. Par contre, si le hollow décidait de s'en prendre aux humains qui l'entouraient directement, aucune des protections mises en place par le Centre de Recherche ne pourrait l'en empêcher... Les deux shinigami de la onzième devraient les protéger eux-même. Pfff, protéger des humains... C'était plutôt un boulot pour ces neuneus de la quatrième division, ça!

Ou peut-être pas ; c'était pas avec leurs techniques d'hommes de ménage qu'ils pourraient arrêter ce que le hollow était en train de faire en ce moment. Le bruit de l'épaule se déboîtant n'était pas beau à entendre du tout, pas plus que le gémissement pathétique qui suivit. Yumichika fronça les sourcils. C'était le genre de complications qu'il avait craint quand il s'était rendu compte de l'imposture du hollow. Ce dernier se précipita soudain à toute vitesse sur un autre humain et, sans crier gare, lui éclata la tête contre le mur le plus proche. Merde! Aucun des deux shinigami n'avait eu le temps de réagir. La présence du hollow rendait le corps de leur hôte plus fort et plus rapide qu'un humain normal. C'était encore trop peu pour espérer rivaliser avec eux en temps normal, mais dans la situation actuelle, ça risquait de faire de sacrés dégâts s'il mettait sa menace à exécution.
Ils allaient sans doute être obligés de le tuer, en fin de compte.
Yumichika en était là de ses réflexions quand Ikkaku se tourna vers lui.

« Tu le prends ?
— Eh ?! On dirait quelqu'un en train de refiler ses corvées ! »

Sa réponse se perdit totalement dans l'action qui suivit aussitôt la question de son ami : le hollow s'était mis en tête de le charger, en se protégeant derrière l'adolescent qu'il tenait toujours à sa merci. Écoeurant ; la lâcheté ne l'en rendait que plus laid.
Ikkaku encaissa deux coups de poing successifs sans riposter, et sans que son compagnon ait bougé le petit doigt ; il n'avait pas besoin de son aide. Le hollow ne savait pas à quoi il s'exposait : insulter le troisième siège, l'attaquer par la ruse en tournant en ridicule tout ce qui faisait la qualité d'un combat... Il ne lui arriverait rien de bon. Comme de fait, son ami parvint à empoigner l'otage par le col... et le balança sur le côté.
Yumichika réagit aussitôt. En une fraction de seconde, il disparut de l'endroit où il se tenait et se porta dans la trajectoire de Mizuiro, dont il récupéra le corps inanimé. Enfin, plus tout à fait : l'adolescent fronça les sourcils douloureusement et battit des paupières, mais ses yeux manquaient encore d'expressivité : il recouvrait tout juste ses esprits. Ça ne servait à rien de le garder près d'eux, même si l'affrontement n'était pas dévastateur ; il ne serait qu'une gêne. Le cinquième siège rengaina son zanpakutô, puis jeta un coup d'oeil à Ikkaku. Maintenant que le hollow se retrouvait privé de son bouclier humain, il n'en menait plus très large.

Rejoindre le toit d'un immeuble ne prit pas longtemps. Yumichika y déposa son paquet ; là, même si ses forces étaient décuplées, le corps de leur hôte ne pourrait pas s'amuser à aller le récupérer pour jouer encore à l'otage. Ceci étant fait, le shinigami regagna la rue... pour se contenter de regarder Ikkaku se battre, encore une fois. Bah, c'était pas grave, ça n'avait pas l'air tellement génial de se battre contre ce tacheron. Ils rencontreraient certainement des adversaires dignes de ce nom d'ici peu, alors autant laisser son tour à Ikkaku cette fois-ci, comme ça, quand ils devraient se battre contre un type vraiment balèze, Yumichika n'aurait qu'à rappeler à son ami que c'était à lui d'en profiter. Voilà, il lui laissait ce nullard cette fois-ci, et le prochain gros dur serait à lui!

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Mais non! Non! Pourquoi est-ce que son plan génial foirait? Il tenait pourtant solidement le corps de son otage, ce type ~~chauve~~ rasé n'aurait pas du réussir à le lui arracher si facilement! Le hollow s'était senti très fier de lui en lui assenant le premier coup de poing, un tout petit peu moins en voyant qu'il n'avait même pas blessé son adversaire, et plus du tout quand ledit adversaire envoya valdinguer son bouclier humain (en plus son deuxième coup de poing n'avait pas eu plus d'effet que le premier, c'était la grosse loose). Il suivit des yeux le vol plané que fit l'adolescent, en espérant que puisqu'il ne lui était plus d'aucune utilité, il aurait au moins la décence de bien se rétamer la gueule sur le sol, voire de se tordre le cou. Malheureusement, le deuxième shinigami, celui qui avait des cheveux et des plumes, le rattrapa avant qu'il ne lui arrive quoi que ce soit, arrachant un juron au hollow. Juron qui se transforma en gargouillis incompréhensible quand le ~~chauve~~ rasé lui assena un bon coup de fourreau dans la figure, lui faisant voir trente-six chandelles. Chancelant sous le choc, le corps de Keigo partit en arrière et tomba douloureusement sur le sol, où il resta étendu un court instant.

Merde. Merde, merde et re-merde! Pourquoi ça se passait comme ça, aujourd'hui? Tout ce qu'il avait voulu, c'était casser la croûte tranquillement, c'était trop demander?! Ignorant les récriminations de son hôte qui, en dépit du contrôle qu'il exerçait sur lui, devenait de plus en plus difficile à ignorer, le hollow se releva. Son visage était boursouflé et virait au violet là où le fourreau du shinigami l'avait frappé, et son nez cassé ajoutait encore un peu de matière à l'ensemble ; en bref, le pauvre Keigo était vraiment dans un état pitoyable, et ce n'était pas l'énergie spirituelle du parasite qui l'habitait qui allait lui permettre de se sentir mieux : la douleur était vive, et ils la partageaient tous les deux.
Combattre ses poursuivants ne paraissait plus tellement envisageable : ils n'hésitaient pas à frapper l'humain qu'il possédait, et aucun d'eux n'avait eu de réaction particulière en le voyant tuer l'homme de tout à l'heure. Ça s'annonçait mal. Très mal : non seulement il n'était pas de taille contre eux, mais en plus il ne disposait d'aucun moyen de défense! Dans ces conditions, le hollow n'avait plus guère le choix... Les sourcils froncés, il amorça un sourire supérieur à l'adresse du ~~chauve~~ rasé, plein d'une assurance déplacée. Visiblement, sa correction précédente ne lui avait pas suffit...

« Okay, je reconnais que t'es très fort... Mais qu'est-ce que tu comptes faire contre ÇA ? »

Le hollow banda les muscles du corps de Keigo, sourire toujours en place... et fit soudain demi-tour pour partir en courant à toute vitesse, plantant là les deux shinigami. Il était au moins aussi rapide que lorsqu'il tentait de leur échapper avec son vrai corps : toute son énergie était concentrée dans la fuite.
Intérieurement, Keigo remercia le parasite d'enfin agir intelligemment. Il n'avait pas envie de se manger des beignes à répétition! C'était déjà pas marrant quand Ikkaku le menaçait, et c'était cent fois, mille fois pire quand il le tapait pour de vrai! Ce type et son pote à plumes étaient vraiment des pures monstres! Il voulait qu'on le sauve, ça pas de problème, mais pas par eux!

Spoiler:

Ikkaku resta interdit un instant. Son visage figé se déformait petit à petit alors qu'il fixait la silhouette s'éloignant du gosse... Il..fuyait ?! Les lèvres du troisième siège s'écartèrent grossièrement dans une expression de dégoût et de surprise effarée, tandis que l'œil gauche d'Ikkaku s'écarquillait avec un rictus désagréable du sourcil et qu'à sa tempe se mettait à grossir une veine, comme prête à éclater. C'était quoi, ce pignouf ?! Il l'insultait, le frappait, utilisait des méthodes complètement lâches et pathétiques, et se taillait maintenant sans demander son reste ?! Le shinigami avait maintenant perdu toute conscience de la distinction qu'il devait faire entre le corps de son hôte, pauvre lycéen éperdu, et l'esprit du hollow... Mais vu le comportement que Keigo avait en général et la situation actuelle, la confusion était compréhensible. Non, une seule envie dominait dans l'esprit d'Ikkaku, à cet instant : si en général, il se serait tout simplement barré, lassé de ce genre de faiblard sans honneur, cette fois-ci, c'était différent...

"-Revieeeeeeens iciiiiiiiiiiiiiiii, enfoirééééééééééééééééé !!!" hurla-t-il en entamant un sprint effréné à la poursuite du hollow, les yeux emplis de colère et la figure verte de rage (et jamais la réalité ne donnât tant raison au figuré qu'en cet instant~). Pourtant, même en courant aussi vite qu'il le pouvait, la créature le distançait toujours ; qu'il était rapide quand il s'agissait de fuir, le salopiaud ! Il allait lui faire sa fête ! Battant l'air de son fourreau en acier, sautant sur les réverbères et les barrières de circulation pour éviter ces foutus passants qui se foutaient dans le chemin, Ikkaku, dont l'air brutal rappelait certaines espèces répandues de gorilles, continua sa course sur quelques centaines de mètres avant de ralentir. 'Tain, il allait courir jusqu'où ?! Si le gamin allait trop loin, ce serait une vrai plaie de le retrouver, mais tant qu'il courait, on pouvait encore sentir son énergie spirituelle... ou pas. Et merde, ce couillon y était parvenu, à s'échapper, encore et encore ! Le troisième siège jeta un regard alentour : où était Yumichika ? Ils ne seraient pas trop de deux pour repérer cette saleté ! ... Ikkaku se souvint alors qu'il avait laissé à son ami un joli paquet un peu abîmé, et qu'il avait alors espéré qu'il en prenne soin.. Mais au final, il s'en fichait bien, de l'état du type, du moment qu'il ne crevait pas, pour ne pas que leur bilan trop élevé de morts dans le monde réel n'ait de répercussion sur eux, encore une fois.
Bon, sans Yumichika, et dans la situation actuelle, ça craignait vraiment... Il n'était pas taillé pour ce genre de missions pourries, eh oh ! Traquer un hollow, c'était déjà chiant, mais en choper un qui courait vite et qui passait son temps à se planquer dans le corps des autres, c'était vraiment le pied, pour un soldat de la onzième division tel que lui qui ne jurait que par le sabre et la sueur des combats. Merde !!

Ikkaku fronça les sourcils : l'après-midi allait toucher à sa fin, et s'il ne retrouvait pas le hollow avant le soir, ça allait poser problème...Pas qu'il eut eu peur qu'il n'arrive quoi que ce soit d'embarrassant à Keigo ou que son parasite fasse encore des bêtises, mais bon, le lycéen avait les clés de l'appart' dans ses poches, et Ikkaku espérait pouvoir dormir à l'intérieur cette nuit sans avoir à demander la permission à l'horrible fille qui lui servait d'hôtesse (il avait bien pensé à défoncer la porte, mais il n'aimait pas les courants d'air, et puis les capacités physique de son gigai étaient hautement limitées...). Alors qu'il regardait les nuages quitter doucement le ciel orangé, le soldat Madarame se figea : il sentait quelque chose. Le hollow ? Non ! Il était bien trop nul pour repérer les reiatsu pour pouvoir localiser un minable pareil... C'était par ailleurs trop intense pour que ça soit lui. Mais..il y en avait plusieurs ! Et.. Matsumoto ?! Vu les fluctuations de son énergie spirituelle, elle avait relâché sa limite, et semblait pourtant ne pas en mener large face à son adversaire... qui avait l'air d'être un sacré morceau, du reste. Ikkaku n'aimait pas intervenir dans les combats des autres, c'était contraire à sa morale comme à sa nature, mais là, valait mieux pour son alliée qu'il s'en mêle un peu, si elle ne voulait pas finir aplatie comme une crêpe sur la chaussée...

"-Tch !"

Le troisième siège décolla en shunpô, s'appuyant sur les particules spirituelles ambiantes dans l'air terrestre pour adopter une marche convenable dans le ciel, puis se dirigea -en shunpô à nouveau- vers le lieu du combat. Tant pis pour le hollow, avec un peu de chance, il se perdrait et devrait revenir sur ses pas, ou alors, Yumichika le trouverait et s'en chargerait (il dût avouer que son compagnon était bien plus qualifié que lui pour ce genre de choses, et sans doute moins impulsif. Bah, du coup, il pouvait se dire sans mauvaise conscience qu'il n'avait pas laissé filer la proie, il avait juste passé le boulot à des mains plus expertes que les siennes). Pour l'heure, il s'agissait d'arriver avant que la vice-capitaine ne déguste encore plus sévèrement qu'actuellement...Il pourrait peut-être avoir droit lui-même à un beau combat, qui évacueraient ses profondes frustrations. Le monde des vivants était vraiment plein de surprises... Cela dit, on ne pouvait pas dire qu'il collectionnait les bonnes.

Spoiler:

Il y avait comme une faille dans les géniales prévisions de Yumichika.
Il s'était mentalement préparé à ne rien faire pendant que son ami perdait son temps dans un combat ennuyeux à mourir, ou alors à se contenter d'éviter des dégâts collatéraux — ils avaient bien assez d'un humain mort et d'un autre, blessé, sur les bras ; pas la peine d'en rajouter, sinon leur superviseur dans le monde réel allait encore leur tomber dessus, sans compter l'administration qui se dressait derrière lui, menaçante dans ses codes et ses règles incompréhensibles auxquels ils étaient soit-disant censés obéir, mais dont ils ne se souciaient généralement pas —, ce qui impliquait de suivre Ikkaku et son ersatz d'adversaire dans leurs déplacements. Yumichika lorgna du côté du toit où il avait laissé Mizuiro. Bah, il pouvait bien l'abandonner là quelques minutes... ce n'était pas comme si le jeune humain pouvait aller bien loin. Et puis il n'était pas là pour materner qui que ce soit, merde alors! Avec un soupir, le cinquième siège s'élança après son ami. Le hollow avait fait faire un demi-tour rapide au corps de Keigo et s'était enfui sans demander son reste, contraignant une fois de plus les shinigami à courir pour le rattraper.
En plus c'est qu'il était rapide, l'animal!

C'était alors qu'il bondissait à la suite du chauve que Yumichika s'arrêta, en équilibre sur le poteau de feux de signalisation au coin d'une rue. Il venait de percevoir une perturbation dans les reiatsu environnants. Il se concentra, mettant un instant de côté la course-poursuite à laquelle il participait, afin de déterminer l'origine de l'énergie spirituelle qu'il venait de capter. Cela semblait provenir d'un peu plus loin, de l'autre côté du centre commercial, et... Oui, ce reiatsu appartenait bien à Rangiku. Le cinquième cilla, entrouvrant ses lèvres sous l'effet de la surprise. Il se passait quelque chose là-bas!
Il était en train de rejoindre Ikkaku quand la situation se corsa : la vice-capitaine de la dixième division relâcha sa limite. Ses yeux s'écarquillèrent. Bon, inutile de tergiverser : il fallait se rendre sur place tout de suite! Le troisième siège s'en était-il au moins rendu com...
Ah bah oui. Il l'aperçut, de loin, qui s'élançait, délaissant sa cible actuelle pour se diriger vers le conflit qui se jouait plus loin. C'était une bonne chose de faite : d'habitude il n'était pas très doué pour repérer les énergies spirituelles.
Eh mais, attends une minute...
Qui allait s'occuper du hollow qui squattait leur hôte, si Ikkaku se carapatait ailleurs?

... eh flûte.

Retenant un Rââââh! profondément agacé, Yumichika reprit sa course. Que c'était chiant! Il n'aurait pas du s'assurer que le chauve avait bien senti ce qui était en train de se passer, il aurait du y aller tout seul sans l'attendre! Après tout, il était tout à fait qualifié pour affronter un arrancar! (Et il aimerait beaucoup que ça arrive, soit dit en passant.) Furieux, le cinquième siège eut la réaction la plus sensée à avoir dans ce genre de situation : il transposa la faute sur le fuyard. C'était vrai, ça! Si cette saleté de hollow s'était laissée tuer bien gentiment, et si leur imbécile d'hôte ne s'était pas laissé prendre en otage aussi facilement, il l'aurait eu, son super combat! Depuis près d'un mois qu'il poireautait à Karakura, il n'avait fait que s'ennuyer, et on lui chipait sa distraction une fois de plus!
La colère lui donnait peut-être des ailes, mais elle ne brouillait pas ses perceptions : même hors de vue, il parvint à localiser sa cible de nouveau. Il la rattrapa en quelques shunpo, mais l'autre ne s'arrêtait pas de courir, restant toujours hors de portée de sa lame. À ce rythme-là, il y serait encore passée la nuit tombée!

Pour l'attraper, ses options étaient réduites.

Avant de mettre son projet à exécution, Yumichika s'assura qu'aucun autre shinigami ne se trouvait près de lui. Rangiku et Ikkaku étaient occupés, et de toute manière il doutait que ce dernier soit capable d'identifier un sortilège à distance (déjà que quand il en avait un juste sous le nez, il ne percutait pas forcément...). Pas de trace du capitaine Hitsugaya ou de Renji dans les alentours ; parfait. Le cinquième siège quitta le lampadaire sur lequel il venait de prendre appui et atterrit élégamment sur le trottoir. Il tendit alors une main en direction du fuyard.

« Hadô #4 : Hainawa. »

Son énergie spirituelle se concentra alors dans sa main, et un filin s'échappa de ses doigts, qui rampa à toute vitesse sur le sol, jusqu'à atteindre le corps de leur hôte. Les jambes de ce dernier se retrouvèrent brusquement liées entre elles, entraînant la chute de l'humain qui s'étala de tout son long sur le bitume.

Illustre anonyme Messages : 61 Date d'inscription : 16/03/2010

Il squattait peut-être un corps avec un niveau d'énergie spirituelle plus élevé que la moyenne, mais dans un combat contre un shinigami ça restait super naze, y'avait aucun moyen que cet humain batte l'horrible chauve qui avait osé cassé son nez d'emprunt! La fuite était définitivement sa seule et unique option : retour à la case départ, quoi. Son pouvoir ne lui avait été d'aucune utilité sur ce coup-là... il aurait mieux fait de continuer à courir au lieu de chercher à se planquer! (Et il aurait mieux fait de rester discret, aussi... Mais cet autre humain avait eu l'air tellement appétissant, avec son jeune reiatsu! Il avait juste eu envie d'en croquer un bout! On ne devrait pas le juger sur ses choix culinaires!)
Enfin pour l'heure, le seul jugement qu'il craignait était celui du shinigami qui le coursait. Rien à foutre qu'il l'envoie au paradis ou il ne savait pas où, si pour ça il devait se faire couper la tête, il s'en passerait! Il était très content d'être un hollow, d'abord, il n'avait aucune envie de redevenir une simple proie. Il voulait être rapide, il voulait être fort. Au diable leurs histoires de purification, c'était des conneries tout ça! Il accéléra encore la cadence, poussant le corps de Keigo au-delà de ses limites ; les muscles de ses jambes étaient devenus douloureux, il ne tiendrait sans doute plus très longtemps à ce rythme. Merde, il allait devoir changer d'hôte si ce type ne tenait même plus debout! Sauf que le temps qu'il se transfère ailleurs, le shinigami le rattraperait, et là, couic. Ze end of lui.

En jetant un coup d'œil par-dessus son épaule, il réalisa que son poursuivant l'avait lâché. Il attendit cependant d'en être sûr pour ralentir un peu, le souffle court. Les gens autour de lui lançaient des regards désapprobateurs à cet adolescent débraillé, au visage tuméfié, qui courait n'importe comment sur le trottoir en bousculant tout le monde. Bien sûr, le hollow s'en fichait ; la réputation de son hôte était le cadet de ses soucis. Malheureusement...

« Arrête-toi, arrête-toi ! Aaaarrêêêête-euh-toi ! répétait Keigo encore et encore, de plus en fort, Un mec qui court avec du sang plein la figure, on s'imagine toujours qu'il a fait des trucs louches ! Et moi j'ai rien à voir avec quoi que ce soit de louche ! En plus y'a peut-être des gens que je connais, là !
– Tu vas la boucler, oui ?! »

Leur passionnant échange fut brutalement interrompu quand le hollow se prit les pieds dans... il ne savait pas trop quoi, mais il s'empêtra tellement dedans qu'il tomba de tout son long sur le trottoir, les bras tendus devant lui. Il voulut se relever aussitôt mais là, impossible : ses chevilles restaient collées l'une contre l'autre! Il gigota pour se retourner et se débarrasser du truc auquel il s'était accroché. Il regarda, interloqué, le filin noué au-dessus des baskets. D'où il sortait, ce machin-là? Il n'arrivait pas à le détacher! Ses gestes devinrent frénétiques quand il vit l'autre shinigami, le type avec des plumes qui ne glandait rien depuis tout à l'heure, s'approcher de lui. Il tenta une nouvelle fois de se remettre debout, s'imaginant qu'il n'aurait qu'à s'enfuir à cloche-pied, mais il n'y arriva pas et se retrouva une fois de plus par terre, au milieu d'une foule qui lui jetait des coups d'œil de plus en plus méprisants. Un homme alla même jusqu'à jeter quelques pièces sous son nez.

Il avait eu recours au kidô, la honte. Heureusement que personne n'était là pour voir ça. S'il se faisait griller en train d'utiliser un sortilège, sa division aurait de quoi faire des gorges chaudes pour les prochaines décennies! Enfin heureusement, la rue restait vide de tout shinigami : il avait la voie libre pour neutraliser ce hollow ; ça l'obligeait à changer ses habitudes, mais tant pis : utiliser son zanpakutô une fois de temps en temps ne pouvait pas lui faire de mal.
Il s'avança vers le corps de l'adolescent sans se presser, prenant même le temps d'inspecter son reflet dans la vitrine d'une boutique pour vérifier que la course n'avait pas rabattu ses mèches n'importe comment par-dessus sa raie — rien à signaler : il était parfait. Cette heureuse constatation faite, Yumichika enroula délicatement ses doigts autour de la poignée de son sabre, et le tira lentement hors de son fourreau, de façon à ce que le hollow entende bien le métal de la lame racler contre le bois poli. C'était un son inquiétant pour qui savait qu'il allait mourir dans les prochains instants. Le cinquième siège regarda sa cible tenter une énième fois de s'enfuir ; un coup sec donné à la corde d'énergie spirituelle le maintint au sol, pour disparaître aussitôt après. En dépit de ce qu'il s'apprêtait à faire, Yumichika restait de la onzième division : ça ne lui disait rien de frapper un adversaire attaché à terre. D'un autre côté, il ne l'avait pas vraiment reconnu comme un opposant digne de ce nom... Et il n'avait pas tellement l'intention de battre à la loyale un type qui se protégeait derrière les autres et qui passait son temps à fuir.

« Tranche et dévie, appela-t-il doucement, les yeux mi-clos, en pointant son sabre vers le sol, Ruri'iro Kujaku. »

Sa lame se mit aussitôt à briller. Elle commença à se scinder en plusieurs parties et à s'étendre, exactement comme des lianes vivantes, jusqu'au corps de l'adolescent autour duquel elle s'enroula, les bras séparés du torse. Ces espèce de tentacules avaient viré au bleu-vert, et de petites boules commencèrent à se former tout le long d'eux, comme des bourgeons. Les yeux de leur hôte s'écarquillèrent. À présent que Ruri'iro Kujaku s'était mis à l'œuvre, il ne pouvait plus ignorer ce qui était en train de lui arriver : ses réserves de reiatsu n'étaient pas suffisamment développées pour lui permettre de tenir longtemps face à ce pouvoir de sangsue.

« Les chances qui te restaient de t'échapper viennent de s'envoler, l'informa Yumichika, Tu n'auras bientôt plus assez d'énergie pour te maintenir dans ce monde. »

Les bourgeons se déployaient petit à petit, devenant de magnifiques fleurs. Celles-ci étaient cependant en nombre restreint : le hollow n'était pas à un stade assez avancé de son évolution pour lui offrir beaucoup de reiatsu à aspirer. Très vite, il devint évidemment qu'il ne parvenait pas à tenir plus longtemps dans le corps de l'humain : les contours de celui-ci commencèrent à se brouiller, puis soudain le monstre apparut au-dessus de sa tête, d'abord transparent ; il se précisa au fur et à mesure qu'il s'extrayait de l'adolescent, qui resta avachi sur le trottoir même après avoir retrouvé sa liberté.
Dans son état, le hollow ne pouvait guère s'éloigner. Il se mit à ramper sur la route, mais Yumichika n'eut que quelques pas à faire pour se porter à sa hauteur. Son sabre redevenu normal s'abattit sur son cou ; dans un dernier hurlement, il disparut.

Le cinquième siège poussa un léger soupir en rengainant. Derrière lui, le jeune homme retrouvait ses esprits — et morflait sacrément, parce qu'Ikkaku n'y était pas allé de main-morte en le boxant tout à l'heure. Le shinigami revint vers lui et, sans que la moindre trace de sollicitude perce dans sa voix, lui dit :

]« Je te déconseille de parler de ça à qui que ce soit, et surtout pas à Ikkaku. Si ça arrivait, je te garantis que tu ne t'en sortirais pas vivant. »

L'autre acquiesça, peu désireux de s'attirer de nouveaux ennuis. Yumichika le dévisagea : la nature ne l'avait pas fait très beau, mais avec son visage qui était maintenant enflé de partout, il était devenu vraiment laid. Le shinigami plissa délicatement ses narines, comme si cette vue lui procurait un profond désagrément. Finalement, il s'en détourna et fit mine de s'en aller, avant de se raviser et de se tourner une dernière fois vers l'adolescent.

« Je vais chercher ton ami mais toi, tu devrais rentrer. Et puis soigne ton visage, parce que si à mon retour tu heurtes toujours mon sens de l'esthétique, je te le ferai regretter. »

Cela étant dit, il disparut. Il lui fallait effectivement récupérer Mizuiro sur le toit avant de rejoindre Ikkaku et Rangiku, en espérant qu'ils trouveraient ensuite quelqu'un pour s'occuper du blessé — parce qu'il était joli, hein, pas parce qu'il se sentait concerné!

Mission réussie

Gains :
Ikkaku Madarame : 10 XP
Yumichika Ayasegawa : 10 XP

» Contrôle mental [Monde réel]
» [Mission] Rajeunissement
» [Mission] Séparés
» [Mission] Arrosage automatique
» La Yohei et l'arme (mission)