Lance contre tentacules

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La pointe de son pied toucha le sol et il reprit appui pour se propulser en avant. Il passait de couloir en couloir à toute vitesse en gardant tous ses capteurs concentrés sur la source d'énergie spirituelle qu'il avait repérée. Elle venait d'un groupe de shinigami, impossible d'en douter : il l'avait rencontrée à peine quelques heures auparavant. Pendant ce cours laps de temps, tout avait changé pour Luppi. Il ne pouvait plus se présenter à ses ennemis comme étant le Sexta Espada, ni exhiber fièrement son tatouage. Sa peau avait été arrachée à l'emplacement du "6" qu'il affectonnait tant, et son uniforme n'était pas taillé de telle sorte qu'il eût pu dissimuler sa honte : sa chair mutilée était exposée aux yeux de tous comme le symbole de sa déchéance. Ça ne changeait toutefois rien à cette histoire entre lui et les shinigami : qu'il appartînt encore ou non à l'Espada, il avait un compte à régler avec un certain petit capitaine aux cheveux blancs.

Il aurait du l'achever, il l'aurait vraiment du! Sans ça ce sale gamin n'aurait pas eu l'occasion de l'attaquer par derrière et Luppi serait revenu victorieux à Las Noches! Sans les blessures récoltées à Karakura, il aurait été en mesure de contrer Grimmjow, de faire valoir sa supériorité sur ce maudit manchot! Le petit Arrancar serra les dents en repensant à la douleur déchirante dans son abdomen. Et dire que pour couronner le tout, il ne devait sa survie qu'à une humaine...! De rage, il accéléra la cadence de ses sonido. S'il n'était plus en mesure de réclamer un quelconque privilège eh bien tant pis, il passerait sa hargne sur les shinigami qui s'étaient introduits au palais! Les Espada avaient du en être alertés les premiers, peut-être même que le seigneur Aizen les avaient faits se réunir pour décider d'un plan d'attaque ; Luppi n'en savait rien. La seule chose dont il était sûr, c'était que s'il ne se dépêchait pas de se rendre sur place, quelqu'un de plus haut gradé que lui allait lui piquer sa proie.

Les quelques reiatsu qu'il percevait s'éparpillèrent soudain. Luppi pesta. Merde, s'ils se séparaient ça risquait d'être compliqué de retrouver le shinigami qui l'intéressait! Il ne se souvenait plus précisément de son empreinte spirituelle, il ne lui restait donc qu'une solution : choisir une piste au hasard et la remonter le plus rapidement possible en espérant tomber sur le bon adversaire. C'est ce qu'il fit.
C'est ainsi qu'il se retrouva à l'embranchement de quatre couloirs. S'il ne se trompait pas, un shinigami n'allait pas tarder à débouler de l'un d'eux...
Ça ne manqua pas. Luppi laissa échapper un sifflement désappointé ; mauvaise pioche. Le type qui venait d'arriver était beaucoup plus grand et beaucoup plus chauve que le capitaine qui l'avait battu. Celui-là, il s'en souvenait, Trepadora l'avait facilement attrapé dans un tentacule.

« Tiens, comme on se retrouve ! lança-t-il d'une voix amère, Ce n'était pas toi que je cherchais, mais bon. Tant pis ! Il va falloir que je te tue vite fait si je ne veux pas perdre de temps. »

Le petit Arrancar hésita, mais laissa finalement retomber la main qui allait se saisir de la poignée de son zanpakutô. Inutile d'avoir recours à sa Resurreccion contre cet homme-là, croyait-il.

Géante construction que ce palais de dalles blanches, et assez morne, il fallait le dire. Cela faisait maintenant une bonne heure qu'Ikkaku courrait au devant des couloirs, suivi de quelques de ses sempiternels compagnons de combat, à la recherche d'un affrontement qui ne venait pas. Depuis qu'ils avaient pénétré dans ce palais, "Las Noches", comme l'espèce de boule verte et criarde qui collait Ichigo telle deux doigts liés par de la colle forte l'avait appelé, le petit groupe de shinigamis n'avait pas rencontré un seul ennemi, alors qu'ils avaient justement été appelés là parce que la bande de son compagnon ne comptait pas assez d'effectifs... A quoi bon être autant, s'il n'y avait aucun danger ?! A ce train-là, ils auraient tôt fait d'avoir sauvé Orihime, et de rentrer chez eux, le tout en une heure supplémentaire ou deux, selon qu'ils se seraient perdus dans le dédale des couloirs ou pas.

Soudain, alors que le petit groupe, silencieux, s'avançait, la mine morose, dans la continuité sans fin des tunnels de marbre, il déboucha sur une grande salle au plafond plus haut que les autres, percée à son extrémité de cinq allées obscures. De toute évidence, ce labyrinthe avait bel et bien été construit pour perdre les quelques intrus qui auraient pu y pénétrer...et sans doute ses habitants, quelquefois (Ikkaku se demanda justement si le fait qu'ils soient perdus et l'absence d'ennemi avait un lien, mais la question lui semblant épineuse, il haussa les épaules et n'y pensa plus). Quoiqu'il en fut, la solution la plus claire et la plus judicieuse était de se séparer en petits groupes, lesquels pourraient chercher la princesse emprisonnée dans le donjon avec beaucoup plus d'efficacité. La question était : comment faire pour se retrouver ensuite ? Boah ! Ikkaku n'écouta même pas ce que le jeune Ishida Uryuu (un pote d'Ichigo apparemment, qui semblait réfléchir un peu trop, le pauvre, tout le monde sait que c'est mauvais pour la croissance) essayait de lui conseiller et s'engouffra sans attendre dans l'ouverture la plus proche, le sourire aux lèvres, avec l'intime pressentiment que les choses sérieuses allaient débuter ici. Curieusement, même s'il n'en avait cure, personne ne le suivit. Ceux-là avaient sans doute été plus malins et avaient filé dans la direction la plus indiquée sur le plan de la stratégie et des compétences de chacun.

Le couloir était plus étroit encore que les précédents, le troisième siège pouvait évaluer sa hauteur à une dizaine mètres, et la position des clés de voûte et des poutrelles de maintien ne permettaient que difficilement un combat aérien : ici, ses mouvements seraient gênés, car il n'aurait pu tenir sa lance correctement... si elle avait été ordinaire. Mentalement, Ikkaku imaginait déjà le nombre de bottes qu'il pourrait effectuer si un adversaire venait à se présenter devant lui à ce moment, son zanpakuto appuyé contre son épaule. Le plus énervant, c'était justement qu'il n'y avait personne. Téh ! Tant pis, rester sur place à se morfondre n'avait pas d'intérêt, et avancer, bien que cela soit particulièrement lassant dans ce décor épileptique d'enchainements de dalles blanches et noires, était la seule issue possible.

En parlant d'issues, il en arrivait justement une ! S'arrêtant en soulevant un petit nuage de poussière, Ikkaku considéra le nouveau choix qui s'offrait à lui : trois nouveaux embranchements lui faisaient face, le narguant vilement avec des mines qui lui faisaient l'effet d'un "ahaha-bouffon-!-Si-vous-aviez-été-plusieurs-tu-n'en-serais-pas-là" fort peu agréable. Si les couloirs avaient eu des formes humanoïdes, il les aurait bien démonté, ces salauds. Fermant les yeux, Ikkaku tenta de se calmer et de respirer tranquillement afin que sa concentration puisse lui permettre de deviner une force proche (ne notons pas qu'il n'avait sans doute pas repéré de présence spirituelle avant cela parce que la recherche de reiatsu était un domaine qu'il méprisait autant qu'il ignorait). D'un coup, Ikkaku ouvrit les yeux, et, la bouche entrouverte, tourna le regard derrière lui, devinant une forme qui s'approchait. Figé, Ikkaku fit volte-face tandis que son adversaire potentiel venait de le jeter au second plan de ses priorités, apparemment, ne faisant de lui qu'un insecte à qui il aurait tôt fait de faire débarrasser le chemin. Tiens donc, mais c'était lui !
Ikkaku se rappelait bien de ce gamin-là : hautain et fatigant, il n'avait pas tari de sarcasmes vis-à-vis à l'âpreté que le troisième siège et plusieurs de ses compagnons avaient montrée en le combattant, plusieurs semaines plus tôt. Il était fort, on ne pouvait pas le contester, mais sa nature n'en faisait pas un combattant dont le profil correspondait à celui auquel Ikkaku accordait son respect. Mais il n'avait pas à se plaindre : il avait attendu un combattant des heures en maugréant, et il y en avait un juste à portée. Un espada, qui plus est. Il ne pouvait espérer mieux.

Ikkaku dégaina son zanpakuto prestement et se mit en position de combat, le fourreau levé devant le sabre. A ce carrefour, les limitations de mouvements qui avaient lieu dans les couloirs n'avaient plus cours, mais, paradoxalement, Ikkaku fit un bond en arrière afin de se replacer dans l'étroit passage sombre. Combattre un adversaire tel que ce garçonnet, malgré son piètre esprit de combat, était, pour Ikkaku qui le connaissait déjà un peu, présentait certaines facilités, relatives pourtant. Oui, avoir déjà combattu le gamin lui permettait de dire que, s'il était handicapé dans cet environnement confiné, l'arrancar le serait encore plus : ses huit bras blanchâtres, malgré leur flexibilité, verraient leur liberté réduite de moitié, ce qui était un avantage conséquent pour le soldat de la onzième division. Cela dit, il n'y avait plus à hésiter, aussi petit qu'il l'était, le hollow n'était pas à sous-estimer, et c'est pourquoi il ne fallut pas une seconde à Ikkaku pour joindre fourreau et lame et invoquer dans un bruyant "Nobiro, Hozukimaru !" son arme de prédilection, la lance fractionnable. S'il fallait en venir au mains directement, il devait être prêt.

"-Je ne m'attendais pas non plus à tomber sur toi, c'est vrai. Je suppose que cette fois-ci, je vais devoir m'y mettre à fond, alors..."

Concentré sur son ennemi qui n'avait fait signe que de dégainer une lame qu'il avait finalement préféré laisser dans son fourreau pour une raison obscure, Ikkaku était immobile. Ses yeux fixés sur les bras de son adversaires attendaient l'assaut. Il serra les poings sur la hampe de sa lance. Si le temps s'écoulait, il ne le ressentait pas. Une goutte de sueur perla sur son visage. Ce n'était pas possible, quand allait-il se décider ? Bah, s'il ne bougeait pas... C'était à lui de prendre l'initiative !

"-Allons-yyy !" hurla Ikkaku en sautant vers son ennemi, oubliant tout de suite la topographie du terrain et l'avantage que pourrait tirer son opposant de cette zone libre et large. S'il avait décidé de ne pas sortir sa lame, s'il pensait que sa peau serait suffisamment dure que pour contrer ses coups, tant pis pour lui.

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La première fois que Luppi l'avait vu, ce shinigami avait refusé de se battre contre lui parce qu'il était soit disant déjà occupé avec son copain, un autre type avec des plumes aux yeux, et le petit Arrancar avait été obligé de lui démontrer que non, contre lui il n'y avait rien de déshonorant à s'y mettre à plusieurs, parce qu'il avait plusieurs tentacules pour chacun d'entre eux : ils pouvaient s'amuser à les combattre chacun dans leur coin, sans se gêner mutuellement, et tout le monde était content (surtout lui qui dominait la situation). Le chauve l'avait vexé en ayant l'air de croire qu'il serait débordé avec plus d'un adversaire, alors Luppi avait été mesquin et l'avait rapidement ligoté : pas de combat pour lui, c'était bien fait! Il pouvait se contenter de regarder ses petits amis se faire trucider l'un après l'autre sans rien pouvoir y faire. Bon, il fallait admettre que sur le moment, le petit Arrancar avait prêté une plus grande attention à la shinigami blonde, mais ça ne voulait pas dire qu'il n'avait pas imaginé le sort qu'il réserverait aux autres.
Il n'avait malheureusement pas eu le temps de régler leur compte à chacun d'eux à cause du capitaine miniature, mais il pouvait se rattraper maintenant, du moins en partie. Oui, voilà! Il allait d'abord tuer celui-ci puis, quand il aurait retrouvé le petit capitaine, ou n'importe qui d'autre, il lui raconterait en gloussant ce qu'il avait fait subir au chauve. Cette délicieuse idée le réjouit, à tel point que même la remarque de son adversaire ne parvint pas à ternir sa belle humeur temporairement revenue.

« Parce que tu n'as pas donné tout ce que tu avais la dernière fois ? C'est vexant, je n'en valais pas la peine ? »

Luppi regarda la lance que le shinigami avait matérialisée entre ses mains. Lors de leur précédent combat, malgré la grande maîtrise de son manieur, elle n'avait pas eu l'air de receler de pouvoirs particuliers. Toutefois, si son adversaire prétendait qu'il n'avait pas donné la pleine mesure de sa force, il fallait sans doute s'attendre à quelque chose de plus... Sans doute. Tant que rien n'apparaîtrait, le petit Arrancar ne voyait aucune raison de s'inquiéter.
Le shinigami bondit. Sa détente était forte et il était rapide, mais pas encore assez pour atteindre Luppi en attaquant ainsi de front. L'ex-Sexta aurait sans doute pu l'accueillir avec un bala qui, tiré à bout portant, aurait fait des dégâts, mais ce n'était pas dans sa nature d'utiliser ce genre d'attaque dès l'ouverture des hostilités. Luppi préférait de loin le contact, qu'il s'agisse pour cela de ses propres bras ou des tentacules de sa Resurreccion. Il se glissa sur le côté avant que la lance ne le perfore et, d'un sonido, se porta sur le côté droit du shinigami ; il allait devoir faire un sacré moulinet s'il voulait que sa lame le frappe à cet endroit-là!

« Ou bien est-ce parce que tu avais envie de te laisser attraper ? » sussurra-t-il en écho à sa précédente question.

Luppi se servit du tranchant de sa main pour frapper le shinigami sous les côtes, suffisamment fort pour l'envoyer dire bonjour au mur le plus proche. Il reprit ensuite appui sur le sol mais ne fit plus mine d'attaquer : c'était toujours plus drôle de laisser les autres venir à lui et se casser les dents. Un immense sourire satisfait lui mangeait le visage. Il appuya sa main droite sur sa hanche, juste au-dessus de sa nouvelle cicatrice ; pour l'heure, il n'y pensait plus.

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Emporté par son élan, le troisième siège n'eut pas le temps, s'il avait plus ou moins visualisé l'action, de réagir assez promptement que pour bloquer le coup qui lui arrivait droit dans le ventre. Glissant vers l'avant dans son bond, il se vit stoppé net par un coup qui lui frappa durement le côté. Puissant ! Il arracha un grognement au chauve, qui perdit ses appuis et, crachant un long filet de bave, s'écrasa contre le mur du couloir dans un bruit sourd. Il glissa encore, accroupi, et se releva vivement, lance en avant ; pourtant, son adversaire n'avait pas vraiment l'air de vouloir enchainer, bizarrement... Pour l'avoir déjà vu à l'œuvre une fois, Ikkaku n'avait pas de mal à déterminer la raison de cette absence d'action : ce gamin, là, il voulait se moquer de lui, et son petit sourire satisfait trahissait ses intentions. Cela dit, il fallait avouer qu'il avait de la puissance, et que sa stratégie, si elle répugnait un combattant qui mettait le sang et la sueur en avant de la scène mortelle d'un combat, était aussi efficace qu'utile dans un cas comme celui-ci. Il allait devoir ruser, à sa manière. Ikkaku afficha un air sinistre, qui extérieurement devait ressembler à une grimace de constipation. Il avança d'un pas, en position.
Téh, ce n'était pas dans sa nature de devoir se casser la tête face à un adversaire en plein combat, mais celui-ci le dépassait largement au niveau de la vitesse, et toute attaque de front était vouée à l'échec, s'il se bornait à attaquer comme ça. Enfin...s'il ne changeait rien à sa technique d'assaut. Ikkaku sourit.

Bien pour l'échauffement, ça lui avait fait un peu mal, tout de même, mais il avait connu pire. Des années de service et d'acharnement pugnace l'avaient doté d'une résistance assez appréciable et, à moins que son adversaire ne sorte le grand jeu, il devrait pouvoir tenir assez longtemps que pour pouvoir en finir, pensait-il. Enfin, en finir sans utiliser ça. Sans plus perdre de temps, le chauve renforça ses appuis, prêt à bondir à nouveau, un sourire belliqueux aux lèvres. Il plissa légèrement les yeux tandis. Bon, faire de la provocation de ce genre ne lui convenait pas, mais dans la mesure où il ne pouvait plus se permettre de filer droit sur son ennemi, il n'avait d'autre choix que d'user de prudence avant l'attaque.

"-C'était pas mal comme coup... Si tu le refaisais, pour voir ?"

Une ou deux piques verbales aurait sans doute forcé la décision de l'arrancar, mais un ennemi, quel qu'il fût et quelque technique vile qu'il utilise, restait un ennemi, et il fallait l'honorer en tant que tel, car il offrait à son adversaire une joute, une rixe qu'un membre acharné de la onzième division ne pouvait qu'apprécier à sa juste valeur, voire même plus que ce que le combat offrait réellement. Des enjeux, il n'y en avait pas, ou peu. Comme le disait si justement son capitaine, la seule récompense d'un combat était le sang et la mort, qui étaient les seules choses qu'on pouvait retirer d'une bataille...et puis, c'était marrant, quoi ! Sans en donner l'air, Ikkaku bondit à nouveau vers le petit arrancar, moins rapidement que la première fois, cependant. Avant que le contact ne s'établisse, il semblait que le gamin n'avait aucune intention de l'arrêter, et son absence de garde témoignait d'un profond dédain... Le sous-estimait-il ? Assurément, son hierro, élite ou non, ne serait pas suffisant pour résister à ce coup. A deux bons mètres de son ennemi, le troisième siège balança son bras en avant, agrippant son zanpakuto par son embout afin d'augmenter la porté de son attaque. Mais Ikkaku n'était pas du type mesquin, et trancher un adversaire sans le prévenir au préalable, c'était aussi peu courtois que fair-play.

"-Ne te trompe pas, arrancar !" cria-t-il alors qui fléchissait le coude, la lame d'Hozukimaru arrivant maintenant vivement sur le côté gauche de son ennemi. " Sépare-toi, Hozukimaru !"

D'un coup, la lance émit un claquement rude, se brisant en trois sections reliées entre elles par une chaîne. Envoyées dans un mouvement de bras tel qu'elles allaient glisser et s'enrouler autour du premier obstacle qu'elles rencontreraient, elles s'écrasèrent durement sur l'arrancar. Dans la fraction de seconde qui suivit, Ikkaku avait sauté au-dessus de la tête du gamin, rappelant en un tout son zanpakuto pour enchainer sur un coup de face, dont la force décuplée par la chute pouvait transpercer sans difficulté une chair même renforcée. Si l'heure n'était pas aux grands cris, ce sourire cruel, ce démon combattif, n'arrivait pas à quitter le visage du chauve. Et ça ne faisait que commencer.

« Tu en fais une tête ! Tu commences à comprendre que tu ne t'en sortiras pas comme la dernière
fois ? »

Luppi s'esclaffa en voyant la tête que tirait son adversaire. Ce shinigami chauve pouvait bien s'acharner s'il le voulait, ça ne changerait strictement rien au résultat : il allait mourir ici, et le temps que ça prendrait à arriver ne dépendait que du bon vouloir du petit arrancar. Le problème, c'était que cette situation le mettait face à un dilemme : il avait très envie de faire durer le plaisir, c'était dans sa nature, mais s'il ne se dépêchait pas, l'un de ses congénères lui ravirait le capitaine dont il voulait se venger! Oui mais... s'il se contentait de tuer le chauve, sans fioritures, qu'aurait-il à raconter à ses petits copains ensuite? Leur réaction changerait radicalement selon qu'il leur annoncerait qu'il avait expédié ou fait traîner sa mort! Bah, il n'avait qu'à décider ça en cours de route. Si ce shinigami devenait ennuyeux, il mettrait un terme à leur affrontement et voilà tout.
En tout cas, il était plutôt costaud : le coup de tout à l'heure ne l'empêchait pas de se montrer bravache et d'en redemander. Luppi plissa à son tour les yeux, souriant.

« Ah oui ? »

Le chauve repartit à l'assaut. Il l'attaquait toujours de front, sans avoir recours à la technique de déplacement rapide des shinigami... le shunpo, si le petit arrancar se souvenait bien. L'ex-Sexta fit la moue. C'était bien d'être résistant, mais ça ne servait à rien du tout si on avait le crâne vide! Il n'apprenait rien ou quoi? Avec une tactique aussi grossière et prévisible, il ne parviendrait jamais à le toucher! Luppi se dit qu'il ferait sans doute mieux de le tuer sans tarder, finalement : un imbécile restait un imbé-
La lance de son adversaire se fractionna soudain : les trois parties du manches restaient reliées entre elles par une chaîne qui se déroula à toute vitesse, bien plus rapidement que l'arrancar l'avait escompté. En un rien de temps, les morceaux de la lance furent sur lui sans qu'il ait réagi. Luppi ouvrit des yeux ronds.

« Qu- !!! »

En un clin d'oeil, a chaîne s'enroula autour de son corps. Ses maillons se serrèrent brutalement, meurtrissant sa chair en dépit de son hierro ; comparée à la peau de la plupart des arrancar, la sienne était loin d'être la plus résistante, et l'ex-Sexta sentit très nettement la marque du métal s'y imprimer ; ses vêtements, bien qu'épais, ne lui offraient qu'une protection dérisoire et furent déchirés en plusieurs endroits, plus encore quand la chaîne effectua le mouvement inverse et revint vers son manieur, faisant tourner Luppi sur lui-même au moment de se dérouler. Ce dernier tituba, et cette fraction de seconde qu'il mit à retrouver son équilibre lui fut fatale. La lance s'était rassemblée dans les mains du shinigami, qui s'en servit pour tenter de transpercer son adversaire ; il était trop près, trop rapide... plus le temps de reculer.
Portant la main à la poignée de son zanpakutô, Luppi le tira de son fourreau d'un geste vif ; juste à temps. La pointe de la lance percuta le plat de la lame de Trepadora, forçant son porteur à reculer, toute sa force concentrée dans ses bras pour contenir l'attaque. Le petit arrancar serra les dents. C'était la première fois qu'il éprouvait la force du chauve, et il était un peu surpris. Il l'avait empoigné si facilement, la dernière fois, qu'il ne lui était pas venu à l'esprit qu'il pourrait avoir du répondant, pour peu que ses tentacules ne se mettent pas entre eux.
Luppi détestait ne pas avoir le dessus. Peu importait le moyen employé : il ne voulait pas être celui qui ployait sous le poids de l'autre, comme c'était le cas en cet instant.

« Étrangle, Trepadora », siffla-t-il en dévisageant le shinigami par-dessus sa lance.

À peine venait-il de prononcer ces mots qu'un nuage de fumée s'échappa de son zanpakutô, entourant les deux opposants jusqu'à les faire totalement disparaître aux yeux de l'autre. La cuirasse de sa reusrreccion recouvrit aussitôt le torse de l'ex-Sexta, mais c'était plus l'énorme disque dans son dos qu'il avait hâte de récupérer. Ses jolis, précieux tentacules en jaillirent aussitôt et se tortillèrent autour de lui ; trois d'entre eux ondulèrent, rapides, vers le shinigami. Luppi se détendit imperceptiblement ; c'était dur à admettre, mais il n'aurait pas pu continuer sans avoir recours à Trepadora. Mais maintenant que ses huit appendices préférés étaient là... Il s'humecta les lèvres du bout de la langue, retrouvant son sourire.

« Eh bien, monsieur le shinigami, satisfait ? reprit-il, de nouveau assuré et plus agaçant que jamais, Ce n'est pas exactement la même chose que tout à l'heure, mais on ne va pas chipoter, pas vrai ? Tu sais, tu as manqué à Trepadora : tu as filé trop vite la dernière fois, je n'ai pas eu le temps de te percer le moindre petit trou. Enfin, puisque te revoilà... amusons-nous, d'accord~? »

Comme d'habitude, il parlait trop et s'écoutait parler...

Fort de cet enchaînement réussi dans les règles de l'art, Ikkaku s'écrasa sur ses talons pour se propulser à quelques distances de l'arrancar, ceci afin d'éviter de rentrer dans son mahaï en cas de contre-attaque : seul un combattant d'expérience pouvait faire preuve de telles précautions, c'était la classe ! ...Mais ce type n'était apparemment pas du genre à faire ce genre d'observations, de toute façon. Quoiqu'il en soit, il n'avait pas pu ne pas remarquer que son arrogance lui avait coûté, alors qu'il avait encaissé la combinaison téméraire mais efficace du troisième siège, qui se remettait à présent en garde, prudent sous ses airs fiers et belliqueux. Il ne devait cependant pas se tromper, lui aussi : si l'attaque de séparation d'Hozukimaru venait d'échouer maintenant, il y avait peu de chance qu'elle fonctionne à nouveau sans son effet de surprise... Mais la parade maladroite et forcée de son petit adversaire sur son dernier assaut avait au moins prouvé que des coups bien agencés en dosés en puissance pouvaient l'affecter.

Pendant qu'Ikkaku réfléchissait à cela, à quelques mètres de lui, son adversaire n'avait pas perdu une seconde, et c'était avec une grimace teigneuse qu'il avait prononcé la formule de libération de son zanpakuto ; Ikkaku avait déjà eu l'occasion de voir le réel pouvoir de l'arrancar lors de leur combat dans le monde des humains (si on pouvait appeler ça comme ça, puisque ni Matsumoto, ni Yumichika, ni lui n'avaient pu résister à l'impressionnant pouvoir de préhension de cette libération... Ce qui encourageait le chauve à la revanche), et même s'il n'eut aucun moyen d'élaborer une stratégie tangible avec cette fumée intense qui venait de s'élever, il ne fut pas extrêmement surpris de voir apparaitre son ennemi, souriant, le dos couvert d'une étrange carapace d'où sortaient huit tentacules aussi longues qu'élastiques, qui se tortillaient en l'air comme d'immenses vers de terre (c'est du moins la première image qui vint à l'esprit du chauve, et qui lui arracha une petite grimace perplexe).

Sans attendre, l'arrancar envoya rapidement vers lui trois de ces longs bras, entamant en parfait timing un monologue auquel Ikkaku ferma immédiatement l'oreille. Il n'avait qu'un court temps de réaction, et, encerclé par les appendices blancs de son adversaire, ses possibilités d'esquive étaient limitées tandis que ses chances de contre-attaque étaient quasi nulles. Comme il s'en rappelait, tenter de se faufiler au travers de l'attaque était suicidaire, étant donné la flexibilité opposée par les arguments adverses, autant qu'un bond en arrière ne lui servirait à rien d'autre que d'être acculé et violemment plaqué contre un mur. L'attaque était bien plus redoutable qu'elle n'y paraissait à première vue, et Ikkaku, ramenant sa lance -toujours sectionnée en trois- contre son buste en croisant les bras, sauta dans un plissement de sourcils sur la plus haute des trois tentacules pour la frapper de toutes ses forces de la pointe d'Hozukimaru.

Le coup percuta le chauve de plein fouet, l'envoyant voler dans l'air sur quelques dizaines de mètres, avant qu'un mur de marbre ne vienne arrêter sa course. Son dos s'écrasa durement sur la pierre, puis glissa jusqu'à terre. Argh ! C'était chaud... Appuyé sur son genou droit, haletant et saignant maintenant abondamment de la tête, Ikkaku lança un regard à son adversaire qui semblait satisfait. Le troisième siège sourit, autant par amusement que par provocation : cette malheureuse tentative d'attaque devait prendre la forme d'un acte désespéré dans l'esprit de l'arrancar, mais elle avait permis au shinigami d'éviter de se manger une charge trois fois plus puissante et de limiter la casse. Le problème restait pourtant entier, puisque les deux combattants utilisaient tous deux un style de combat incompatible... Et tant qu'il restait à distance, Ikkaku serait vulnérable. Ainsi, empoignant à nouveau sa lance en poussant un soupir joyeux, il se releva, toisant son ennemi d'un regard impertinent. Pousser son adversaire à l'erreur en le provocant verbalement ne pouvait décidément pas fonctionner, puisqu'il avait en face de lui un petit rigolo qui avait bien l'air maître dans cet art ; de toute façon, Ikkaku n'aimait pas ce genre de ruse ridicule, indigne d'un membre de la division Zaraki, et, à plus forte raison, de lui-même. Il existait des douzaines de stratégie d'attaque qui auraient pu l'aider à régler ce problème, autant qu'il eut fait partie d'une autre division, et si la fuite et le kido ne l'avaient pas autant rebuté. Mais il était Madarame Ikkaku, troisième siège de la onzième division, ni plus ni moins. Il resserra les poings en rassemblant les trois hampes de son zanpakuto en un tout uniforme... et fonça, un regard dément dans les yeux, sur son adversaire, sans aucune forme nouvelle de tactique, si ce n'était un léger shunpo qui le transporta au-dessus de son adversaire, la lance pointée vers le bas, prête à transpercer.

"-Kyyyééééh !!" hurla-t-il en piquant droit sans plus réfléchir à quoi que ce soit ; il était trop tard pour regretter, de toute façon, et puis, il n'était pas du genre à se lamenter sur un assaut manqué, qui ne pouvait que servir de base à un autre assaut plus fructueux. Et si jamais il venait à mourir, eh bien, il aurait perdu, voila tout. A quoi bon se torturer l'esprit et penser à la défaite en combat, alors qu'on pouvait s'amuser tout son soûl ? Il aurait tout le temps de râler après sa mort, l'instant présent appartenait au combat !

Trois tentacules, voilà qui devrait être suffisant contre ce shinigami, c'était comme s'il se battait contre autant d'adversaires à la fois! C'était en tout cas de cette façon que Luppi voyait les choses. Lors de leur premier affrontement, il n'avait eu qu'à lui en lancer un, un seul, pour l'attraper à la taille et l'immobiliser complètement. Bon, peut-être que le balayage qui avait précédé, et qui comportait la totalité de ses appendices, était pour quelque chose dans l'affaiblissement dont il souffrait déjà à ce moment-là, et peut-être que l'autre avait été distrait par le sort de ses compagnons... mais dans les faits, un seul tentacule avait suffi pour le mettre hors-jeu. Il ne pourrait pas faire grand chose contre trois à la fois! Le petit arrancar l'imaginait déjà, pauvre pulpe sanguinolente encastrée dans le mur, dont il mémoriserait fidèlement l'image afin de pouvoir la décrire en détail aux compagnons de son adversaire. Il fut un peu déçu de constater que ses prévisions ne se vérifiaient pas. En effet, le shinigami, après s'être littéralement jeté sur l'un des tentacules pour le frapper, fut certes percuté avec violence et lancé contre le mur, mais il ne récoltait pas de blessure grave, du moins aucune qui l'handicapât. Luppi fit la moue, contrarié. Il était ennuyeux, ce type, avec cette façon qu'il avait de tenir à sa carcasse! Il n'avait pas l'air trop mécontent de son sort, en plus. Bah! Encore un masochiste, ou un imbécile trop attaché au combat. Il ne gardait aucun as dans sa manche, l'ex-Sexta conserverait l'avantage. Sachant cela, il changea d'expression, continuant à sourire même quand le shinigami repassa à l'attaque. Qu'est-ce qu'il croyait faire en l'approchant de cette façon? Son... espèce de sonido sans bruit,là, même s'il était très rapide, ce n'était pas encore suffisant pour surprendre le petit arrancar. Eh : Sexta Espada. C'était écrit sur sa hanche, il l'avait déjà oublié? (D'accord, le tatouage n'était plus là pour le lui rappeler, mais quand même, il aurait pu faire attention à ça.)

Il restait cinq tentacules près de lui. L'un s'étendit au-dessus de sa tête, parant la pointe de la lance qui lui était destinée, tandis qu'un second, tout aussi rapide, balayait le shinigami ; un troisième se dressa derrière en renfort, prêt à frapper à son tour si la cible parvenait à esquiver.Luppi n'avait pas encore décidé de l'attraper : puisque son adversaire tenait tant à ce qu'il se tapent dessus, eh bien! il allait lui donner satisfaction : ses tentacules n'auraient de cesse de le frapper jusqu'à ce que tous ses os soient en miettes. Et s'il se faisait aplatir avant, ce serait tant pis pour lui...
Un quatrième appendice partit à la charge, suivant le déplacement du shinigami pour le saisir par la jambe. Ce n'était qu'une prise temporaire, censée, après avoir stoppée net sa course, faire tourner un peu l'homme dans les airs puis l'envoyer s'écraser ailleurs. L'ex-Sexta garda un oeil sur le spectacle, tandis qu'il ramenait près de lui les trois tentacules lancés un peu plus tôt. Il était coriace, ce type. Combien de temps durerait leur affrontement, et qui craquerait le premier? Serait-ce le shinigami qui tomberait sans plus pouvoir se relever, ou bien Luppi perdrait-il patience et mettrait-il un terme à leur petit échange?

« C'est marrant, t'avais l'air plus costaud la première fois ! Tu t'es ramolli depuis, ou bien tes petits copains faisaient illusion pour toi, dis-moi ? »

Spoiler:

Emporté dans son élan fou et guerrier, le shinigami ne remarqua pas la tentacule qui le percuta avec célérité et puissance pour l'envoyer dans une sorte de jeu de dominos de coups puissants. Sans même prendre conscience de ce qu'il lui arrivait, Ikkaku fut passé à tabac ; sa seule et unique réaction, malgré ses réflexes aiguisés par tant d'années de combats acharnés, fut de grogner en crachant du sang et des dents, avant de se sentir porté par la jambe, et de finir le vol qu'il avait entamé dans les airs dans le carrelage de marbre du palais de Las Noches, dans lequel il s'encastra violemment dans un nuage de fumée et quelques craquements désagréables. Putain ! Ça n'allait pas, ce type était balèze, et même sous ses manières lâches de combattre et son air goguenard-le genre de types que le troisième siège Madarame ne pouvait pas blairer-, il n'en restait pas moins qu'il stimulait l'énergie combattive d'Ikkaku, qui ne pouvait être surpassé dans le plaisir qu'il prenait au combat que par son capitaine en personne.
Il se poussa hors du sol qui l'avalait de ses bras en sang, et, se retournant, il tomba dos le premier sur le marbre froid en crachant encore une ou deux gerbes de liquide rubis.
Malgré l'ineffaçable sourire sur ses lèvres en cet instant jouissif de combat, Madarame n'en menait pas large : à ce stade, il n'avait plus beaucoup de chance de pouvoir porter une attaque mortelle avec la lance brisée qu'il tenait entre ses mains, et ses blessures étaient trop importantes pour que son endurance puisse être suffisamment concurrentielle à celle de son ennemi, qui semblait d'ailleurs en pleine forme, plus narquois que jamais. Il balançait encore des conneries, rah, ça l'énervait, mais bon, c'était le lot des perdants, il parait, d'être la risée des gagnants... Tch ! Il n'avait pas encore perdu ! Il le savait, et ce depuis ce jour-là, celui ou sa vie en tant que membre de la onzième division..non, en tant que combattant, avait débuté : "N'accepte la défaite qu'une fois mort, et si tu survis, c'est que t'es chanceux. Alors ne pleurniche pas pour qu'on te tue, ne pense qu'à survivre, survivre pour revenir crever celui qui a manqué de te tuer !"... Ouais. Depuis ce temps, cette philosophie, toute sommaire et bourrine qu'elle pouvait être, avait régi sa vie et sa manière d'appréhender tout combat. Fallait dire qu'on s'éclatait beaucoup plus ainsi, également. Et puis... Il semblait que les autres étaient bien loin, et occupés à d'autres bastons similaires à la sienne ; une chance qu'ils ne puissent rien voir de ses exploits guerriers, pour une fois.
Ikkaku attrapa dans chacune de ses paumes un débris de son zanpakuto écrasé en échardes éparses, pantelant en se redressant de manière douloureuse sur ses jambes presque nues au vu de son hakama massacré. Pff, il n'avait que faire de ces considérations matérielles, on lui en filerait un autre ! Les vêtements, c'est comme les dents, ça se remplace ! Le troisième siège leva des yeux belliqueux sur son adversaire, toujours souriant sous ses tentacules tortueuses ; son sourire s'élargit.

"-Ah ouais, "illusion", tu dis ? Et pourquoi tu ne m'achèves pas, si je suis si faible ?"

Se remettant en garde, Ikkaku serra les muscles : la douleur que lui infligeaient ses nombreux hématomes et la brûlure sur son dos le lacérait à un rythme d'autant plus soutenu que son énergie spirituelle avait bien baissé depuis le début de l'échange. Ce n'était pas son style de céder aux petites piques verbales des gars contre qui il se battait, ni d'y répondre par des provocations, et il n'avait pas de réponse vraiment convaincante à apporter à cet écart de conduite si ce n'était le petit temps qu'il lui fallait pour se confirmer mentalement la distance qui le séparait de ses compagnons (fallait tâcher de pas se faire repérer quand on faisait tout péter, en général). Il fronça les sourcils et se renfrogna dans un frisson qui tenait plus de l'adrénaline qui débordait en lui que de l'engourdissement de ses membres endoloris.

"-Bon, on dirait que je n'ai pas le choix, hein ? ... Je vais devoir le faire, alors..."

C'est bon, tout était en ordre, apparemment. Il était impératif que personne ne puisse venir à connaitre l'existence de ceci, car, à côté de ses fidèles principes de guerrier de la onzième division, Ikkaku avait une autre fierté, qu'il l'avoue ou non. Et celle-là, il ne pouvait l'abandonner à tout prix, selon son code d'honneur, et son but personnel. Qu'il meure au combat était bien peu de choses au final, mais devoir trépasser sous les ordres d'un autre que Zaraki Kenpachi, il ne pouvait le permettre. Voila pourquoi personne ne pouvait savoir, et il comptait bien emporter son secret dans la tombe, tôt ou tard. Peut-être était-ce aujourd'hui, en cet instant ? Mais quelle importance, il n'y pensait d'ailleurs pas. Ses yeux brillèrent d'une flamme trop violente qye pour être naturelle, et son corps tout entier commença à son tour à rayonner d'une aura de pression spirituelle pourpre.

"-BAAAAANNNKAAAAAAIIIII !!"

D'un coup, les morceaux brisés de sa lance tourbillonnèrent entre ses doigts, s'échappant dans l'air en une fumée épaisse qui envahit l'aire autour du soldat de la onzième division sur au moins vingt mètres de rayon, détruisant tout sur son passage et faisant voler autour d'elle débris de pierrailles et poussières de construction. Deux dragons rougeâtres s'élevèrent un instant au-dessus de cette dense masse d'énergie, s'enroulant sur eux-même comme s'ils s'entredévoraient et crachant autour d'eux des nappes de reiatsu agressif. Après une poignée de secondes, ils disparurent progressivement tandis que l'écran de brouillard commençait à se dissiper, laissant apparaitre un sourire montrait bien quelques trous, mais aussi une ardeur décuplée et une euphorie presque inhumaine.

"-Ryumon.. Hozukimaru !! "

Sur ces mots, annoncés d'un ton triomphant et enthousiaste, ce qui restait de la fumée occasionnée par la libération du bankai du troisième siège s'effaça. Devant le petit arrancar aux tentacules se dressait Ikkaku, en sang, portant dans chacune de ses mains une énorme lame reliée par une chaîne à une pièce de ferronnerie centrale semblable, sur laquelle était gravée un dragon qui brilla un instant. Chaque fraction de la lance avait pris ainsi l'apparence d'une arme à part entière à la puissance d'assaut décuplée et au pouvoir de destruction impressionnant. Pourtant, loin de se griser d'une telle force brutale, Ikkaku se contenta de faire face à son adversaire en balayant l'air de ses bras armés pour se mettre en garde : adopter une position de combat de lancier n'était plus nécessaire, il pouvait se concentrer sur la frappe, malgré la lourdeur de ses lames.. Souriant de son air le plus dément, Ikkaku serra à nouveau les muscles, mais non pas de douleur, cette fois. D'un coup, son reiatsu éclata dans l'air ambiant, fracassant l'atmosphère que un burin façonne durement la pierre.

"-Regarde bien, mais ne va pas ébruiter ceci, si tu veux bien..."il s'arrêta pour soupirer un instant, puis débanda les muscles. Un silence tendu planait pendant quelques secondes, quand Madarame releva la tête.

"-C'est partiiiiiii !!!"

Empoignant son zanpakuto, le chauve bondit, détruisant ce qui restait de la surface de pierre sous ses pieds. Il frappa l'air violemment, d'un coup suffisamment vibrant pour que l'arrancar le ressentît, puis, attrapant d'une main la fraction centrale d'Hozukimaru, il perça droit sur son ennemi dans une grande attaque verticale dévastatrice qui s'écrasa dans un bruit sourd en soulevant les pierres du sol et celles des murs, qui subirent l'impact en grimaçant d'une telle manière qu'elles se craquelèrent en maints endroits. Toujours prudent malgré cet immense amont de pouvoir qu'il venait d'invoquer, le troisième siège recula en glissant vivement. La poussière de son assaut l'empêchait de distinguer clairement son adversaire, fallait faire gaffe, d'autant qu'il était encore fort vulnérable... Le chauve laissa couler sur ses lèvres un filet de sang, qui se mélangea vite à l'océan de sueur qui coulait sur son crâne. Il serait manifestement temps d'en finir -il jeta un coup d'oeil en coin au dragon qui brillait encore doucement sur sa lame centrale-, bientôt.

Spoiler:

Oooh, ses chers tentacules faisaient vraiment du bon travail : voilà que l'arme de son adversaire était en morceaux, et ses vêtements en lambeaux! (Comme toute sa personne, ajouta mentalement Luppi, une fois qu'il aurait achevé de le déchirer, de mettre ses os à nu. Comme une carcasse qu'on sépare en plusieurs parts.) Il se relevait encore dans cet état-là? À ce stade, le petit arrancar ne savait plus s'il devait se réjouir que le jeu durât, ou au contraire s'agacer que ce fichu shinigami ne reconnût pas sa supériorité au combat. L'issue de l'affrontement était pourtant très claire, il n'avait aucune chance de l'emporter contre lui! C'était de la stupidité de sa part ou de l'honneur mal placé?
(Pas que l'honneur fût un signe d'intelligence. Il en connaissait au moins un exemple, et ça ne lui plaisait pas d'y penser, surtout pas maintenant que la cicatrice sur sa hanche criait son humiliation. Le désagrément se poursuivit quand son adversaire leva les yeux sur lui.)

Ce qu'il lisait dans le regard du shinigami, c'était un entêtement farouche, un éclat obstiné qu'il avait vu se refléter dans d'autres yeux, il n'y avait pas si longtemps, et qui l'avait alors autant attiré qu'il lui avait donné envie de mettre en pièces celui qui le regardait de cette façon. Il avait eu envie de crever ces iris trop bleues, mais il avait aussi eu envie de les arracher des orbites de leur propriétaire, pour les garder avec lui et le narguer avec, comme il le narguait avec ce rang perdu qui labourait son dos ; il aurait gardé ses yeux pour lui, ses yeux qui n'auraient plus rien exprimé du tout.
Maintenant qu'il y repensait, il savait que ça n'aurait pas suffit à dompter Grimmjow.
Ce shinigami appartenait à la même catégorie que son prédécesseur (il n'arrivait pas encore à l'appeler "son remplaçant" : c'était trop tôt, rien ne disait que les rôles ne s'inverseraient pas prochainement) : il était animé par le combat et ne vibrait que pour la violence ; dans ces conditions, il ne rendrait pas les armes tant que lui resterait la force de se tenir sur ses pieds. Dès qu'il l'eut compris, les intentions de Luppi changèrent : celui-là, il ne le tuerait pas seulement pour s'amuser.
Luppi s'apprêtait à l'écraser sous ses tentacules une bonne fois pour toutes, quand soudain une formidable masse d'énergie spirituelle éclata autour de son adversaire, formant une vague qui balaya les gravats autour de lui. Instinctivement, le petit arrancar abaissa deux tentacules, un pour couvrir chacun de ses flancs, tandis qu'il protégeait sous visage de la poussière derrière sa manche. Il écarquilla brièvement les yeux en découvrant ensuite l'allure du shinigami en face de lui.

« Bankaï... tu dis ? »

C'était quoi ce truc? Ce type chauve n'était même pas capitaine! Comment se faisait-il qu'il maîtrisât une telle technique? Impossible, c'était juste un coup de bluff! Et pourtant... Pourtant l'arme que brandissait maintenant l'autre homme était sans commune mesure avec la lance qu'il lui avait opposé jusque là. C'étaient deux hachoirs différents qu'il tenait dans ses mains, reliés par une grosse chaîne à une troisième lame, énorme, qui paraissait accrochée dans son dos. Une nouvelle poussée de reiatsu acheva de dégager la zone, allant jusqu'à fissurer les murs les plus proches ; des éclats de pierre blanche se détachèrent, entraînés par cette force qui avait brutalement envahi le couloir ; même l'ex-Sexta ne pouvait se permettre de l'ignorer. Son sourire semblait avoir définitivement disparu, même si son visage n'était pas crispé : il se contenait encore. Ses yeux ne quittaient pas le shinigami qui souriait de toutes ses dents, lui adressant un regard de colère et de haine mêlées. Pour qui se prenait-il? Il se croyait supérieur à lui, il pensait peut-être inverser la vapeur de cette façon? Ah! Et puis quoi encore!

« Regarder quoi ? grinça-t-il, le coin des lèvres étiré par un rictus moqueur, Que tu essayes de compenser quelque chose avec tes grosses lames ? »

L'insulte était mesquine et facile, mais Luppi n'était pas d'humeur à élaborer d'autres remarques. Il y eut un instant de flottement ; après quoi son adversaire revint à la charge.
Jusqu'à présent, c'était essentiellement le chauve qui s'était déplacé, le petit arrancar s'étant contenté d'agiter ses tentacules depuis qu'il avait activé sa resurreccion : il n'eut donc pas le réflexe de s'écarter quand la première attaque partit, sous la forme d'une charge de reiatsu qui fendit l'air jusqu'à lui. Ses appendices lui firent aussitôt barrage mais, s'ils ne furent pas immédiatement sectionnés, ce coup, qui n'avait pourtant frappé que le vide, entama leur chair blanche, les laissant pendre à un angle bizarre. Luppi serra les dents. Il suivit des yeux le parcours du shinigami, qui bondit en l'air comme si les armes massives qu'il transportait n'avaient pas été plus lourdes que ça. L'assaut viendrait encore d'en haut!

« Tu as pourtant bien vu que ça ne marchait pas avec moi ! » s'exclama-t-il, furieux, en rassemblant ses tentacules au-dessus de lui, en un véritable bouclier grouillant et entrelacé qui le déroba un instant à la vue de son opposant.

Son adversaire s'abattit littéralement sur lui, et pendant un instant, tout ne fut que masses de reiatsu cherchant à s'écraser l'une et l'autre, bruits de friction et poussière soulevée, rendant quasi nulle la visibilité autour des deux ennemis. Quand on put enfin se remettre à distinguer les contours du couloir, l'ex-Sexta et le shinigami tenaient toujours sur leurs jambes. Le premier récoltait des blessures qui ne l'avantageaient pas : le haut de sa tunique, de l'épaule droite à son ventre, était maculé de sang, sans qu'on pût savoir si sa plaie était profonde, ni même s'il s'agissait bien de son sang à lui. Le plus gros des dégâts se concentrait sur les appendices dont il tirait tant de fierté : seuls quatre restaient à peu près intacts, les autres, pulvérisés, se reformaient petit à petit, se déroulant lentement hors de leur réservoir. Quatre tentacules sur huit : la moitié de ses membres. Ah, çà, il n'avait pas fait preuve de prudence, mais quand même : son orgueil était sans doute plus égratigné que le reste.
Luppi toisa son adversaire, les lèvres serrées et les sourcils froncés. Sa force était impressionnante, mais il suffisait de lui jeter un coup d'œil pour comprendre qu'il ne tiendrait pas éternellement à ce rythme. Ses tentacules non plus, malheureusement... Ils étaient solides, certes, mais l'avantage qu'ils présentaient ne résidait pas là. Sans attendre une seconde de plus, le petit arrancar se pencha en avant, inclinant pratiquement son réservoir à l'horizontale. Ses appendices, du moins ceux qui étaient déjà redevenus suffisamment longs, se mirent à tourner autour de lui, prenant graduellement de la vitesse, jusqu'à faire de lui un ventilateur géant.
... c'était pas tellement le moment de penser des conneries. L'ex-Sexta se mit à fouetter tout ce qui l'entourait avec une violence accrue. Brutalement, deux de ses membres se détachèrent de la mêlée, pour serpenter jusqu'au shinigami et tenter de passer derrière lui dans le but de lui couper toute échappatoire — ça avait bien fonctionné avec le capitaine miniature ; il n'avait aucune raison de ne pas recommencer, si?

Spoiler:

Sans ciller, Ikkaku affrontait du regard la masse dense de fumée qui le séparait de son adversaire. Le premier choc qui avait opposé Ryumon Hozukimaru au petit arrancar avait épargné le troisième siège, qui n'avait récolté de cet effort que quelques égratignures et une soif de batailler plus avide encore. Cependant, on ne pouvait pas vraiment en dire autant de son zanpakuto qui, s'il augmentait brutalement sa propre force et son niveau de reiatsu, n'était par ailleurs pas très résistant : la lame de son principal hachoir était fendue d'une entaille assez profonde pour le forcer à se briser en quelques coups supplémentaires. Le chauve sourit en apercevant le visage fatigué de l'ennemi émerger dans le couloir enfumé ; son attaque avait payé, l'arrancar était couvert de sang, et bien affaibli puisque le nombre de ses tentacules blanchâtres pouvait à présent se compter d'une seule main. La surprise semblait avoir bien joué en la faveur d'Ikkaku, qui maintenait sa garde serrée, dans l'attente d'un nouvel assaut qui ne se ferait sans doute pas long à arriver. Le garçon en face fulminait, il ne fallait pas être fin psychologue pour le comprendre, mais ça ne pouvait être qu'un bien s'il comptait se donner enfin à fond, réalisant la force de son opposant.
Effectivement, la réponse ne se fit pas attendre : le petit arrancar se baissa brusquement, maintenant son espèce de carapace bizarroïde au-dessus de son dos et faisant tournoyer ses protubérances molles dans toute la pièce, dévastant les murs déjà saccagés par l'affrontement qui s'était déroulé quelques auparavant. Ils tournaient si vite qu'il sembla au troisième siège que son adversaire prenait son envol, mais le temps qu'il fronce les sourcils et tente de comprendre ce qui se passait, deux des quelques tentacules restantes fusaient déjà vers lui. Le shinigami, mû plus par un réflexe de son instinct que par sa volonté propre, bloqua le coup d'un de ses hachoir, qui fut partiellement pulvérisé sous le choc ; le chauve valginga sur une vingtaine de mètres avant de se rétablir pour arrêter la seconde attaque, qui ne fut pas mieux accueillie que la première, à ceci près que le coup qu'Ikkaku envoya dans l'air la toucha suffisamment pour la faire reculer un temps soit peu.
Se rétablissant difficilement sur ses pieds, il inspecta d'un rapide coup d'œil l'étendue des dégâts : la lame dans sa main gauche ne se résumait plus qu'à un morceau de métal dérisoire et émoussé, tandis que la section centrale d'Hozukimaru ne voyait pas son dragon pourpre plus brillant que tout à l'heure. Hurgm ! A ce rythme, le chauve comprenait bien qu'il n'avait que peu de chance de survivre... et il s'en moquait. Il se battait, il s'amusait ; c'était ce pourquoi il avait vécu, ce serait sur le champ de bataille qu'il finirait, et cette perspective ne pouvait, dans les circonstances présentes, qu'affuter son esprit combattif. Son sourire s'élargit alors qu'il léchait le sang sur ses lèvres, brandissant d'une main son arme gigantesque au-dessus de sa tête.
Quelle sensation, quel bien-être ! Rares étaient ceux qui pouvaient comprendre le sentiment qui animait maintenant le soldat Madarame : il exultait. S'il mourait, il n'aurait pas un regret : il allait tout donner, pour son plaisir. Il commença à faire tourner son zanpakuto, passant sa base d'un main à l'autre en laissant ce qu'il restait de ses lames frapper les murs et les strier comme s'ils avaient été du beurre ; autour de lui, une intense pression martelait les dalles de marbre déjà meurtries du palais, à mesure que son reiatsu se répandait dans l'air.

"-Désolé de te faire attendre, arrancar... Tu vois, mon zanpakuto est un vrai fainéant, et il faut toujours lui donner quelques coups de pied au cul pour qu'il se réveille totalement..."

Apparemment, l'arrancar n'avait pas eu le temps de se rétablir totalement pour avoir le temps de l'attaquer dans ce laps de temps, ou peut-être estimait-il la position du troisième siège comme trop dangereuse pour qu'on s'attaque à elle imprudemment... Quelle importance! Jubilant sous son large sourire carnassier, le bonze sentait ses muscles se renforcer de seconde en seconde. Il n'y avait plus pour lui que son ennemi en face de lui, son arme entre ses mains...et un incroyable besoin d'en découdre immédiatement, qui se faisait aussi solide que sa détermination : il bondit alors que le dragon scintillait de milles feux vermeils dans l'air confiné, faisant exploser toute la force que son état lui permettait d'utiliser, perçant et déchirant les murs dans une grande vague d'énergie spirituelle rougeâtre prenant la forme d'un grand serpent violent. Vaincre ou mourir, il n'y avait qu'un poil... Et dans le cas d'Ikkaku, il était très court (sans mauvais jeu de mot, bien sûr). Noyant son cri guerrier, le tremblement du plafond se craquelant envahit la scène, aspergeant de nappes de fumée ocre tout espace encore visible. Quel pied !

Spoiler:

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