La Belle et le Clochard

Depuis que des arrancars avaient débarqué sur Terre dans le but de tuer un peu tous ceux qui avaient un semblant d’énergie spirituelle, le groupe de shinigami avait procédé à une réunion d’urgence dans le but de mettre au point une stratégie. Dans un premier temps, ils avaient longuement parlé du fait que leurs adversaires avaient été forts, supra-puissants et qu’ils avaient été surtout de la « piétaille » comme se plaisait à le répéter le capitaine Hitsugaya. Celui-ci s’interrogea également sur les avancés du réveil de l’Hôgyoku… Aizen était-il déjà prêt ? Le Capitaine commandant Yamamoto semblait décidément croire que non, mais les évènements récents prouvaient cependant le contraire. Rangiku proposa alors de capturer un Arrancar et de le faire parler. Bien évidemment, « on » lui fit remarquer que les arrancars ne viendraient pas sur terre sur commande, ce à quoi elle répondit que « peut-être » si on utilisait un appât… d’après elle, c’était bien sur Yumichika qui devrait s’y coller. D’après ses dires, c’était « le type le plus inutile de ce groupe ». Vint alors l’habituelle dispute suivit du hurlement d’un capitaine hors de lui. La proposition de Rangiku fut vite oublié et Tôshirô ~~proposa~~ ordonna qu’un entraînement intensif soit mis en place.
Au « hasard », le capitaine de la dixième division désigna les duos. Evidemment Rangiku se retrouva avec le 5ème siège de la 11ème division, Yumichika. Levant les yeux en l’air, Rangiku fit mine de désespérer… elle allait encore se taper le grincheux du groupe.
La réunion s’ajourna, et tous prirent congé, regagnant leurs « appartements » respectifs. Le lendemain allait être une journée chargée.

C’est donc tôt le matin que Rangiku prit la direction d’un terrain de foot (apparemment, c’était un jeu à la mode avec une balle dans laquelle il fallait taper dedans). A cette heure-ci, les lieux étaient déserts, situation idéale lorsqu’il s’agissait d’un entraînement entre deux officiers des armées de la Soul Society. Yumichika était déjà là. Ca c’était trop fort ! On allait encore une fois la traiter de fainéante, de retardataire et blablabla et blablabla. C’était d’ailleurs totalement injuste cette réputation de glandeuse qui lui collait à la peau… elle n’aimait juste pas s’occuper de la paperasse et son capitaine se débrouillait très bien sans elle. Enfin bref, non, pour le coup, elle n’était pas en retard, c’était simplement Yumichika qui était en avance.

« Salut ! »

Rien de tel qu’un petit bonjour amical pour bien commencer la journée. Rangiku observa les environs. De l’herbe verte avait été planté dans une délimitation bien définie et des poteaux formant un rectangle auxquels étaient accrochés des filets trônaient fièrement de part et d’autre du terrain.

« Hé ben… y’a des moments, je n’arrive pas à comprendre les humains… Inoue m’a raconté que c’était un sport très connu mais je n’arrive pas à comprendre le but du jeu… En tout cas, c’est plutôt sympa par ici !»

Rangiku avait l’étrange habitude de dire des choses complètement inutiles parfois… Elle enchaîna ensuite sur un rappel de ce qui leur était demandé de faire. Dans un premier temps, un exercice de « concentration » dans un souci de « phase » avec son zanpakutô… ou un truc du genre. Elle ne se souvenait plus vraiment de ce qu’avait dit son capitaine.

« Alors je propose que tu te mettes de l’autre côté du terrain, par là-bas tu vois… j’ai pas vraiment envie que tu me gènes… »

Nul besoin de préciser que Matsumoto lançait cette pic uniquement pour embêter Yumichika. Généralement, ça marchait très bien…

Ça ne faisait pas plaisir de s'entendre dire qu'on n'était pas assez fort, même pour affronter de la vulgaire piétaille. C'était assez offensant, en fait, surtout quand on appartenait à la division la plus forte du Gôtei 13 (ou qu'on se plaisait à la considérer comme telle) et qu'on avait participé à plus de combats que la plupart des shinigami. Pendant que le capitaine Hitsugaya leur exposait la situation et leur rappelait à quel point ils risquaient de ne pas faire le poids contre leurs ennemis s'ils ne progressaient pas d'ici le prochain affrontement, Yumichika écoutait sans rien dire, apparemment impassible. Tout ce qu'il connaissait de la force des Arrancar, il le devait au combat d'Ikkaku ; lui-même n'en avait affronté aucun ; du groupe terrestre, il était le seul. Il n'en avait pas honte, après tout il n'avait pas eu le choix, mais ça restait un peu gênant de ne pas s'être battu cette nuit-là. Ça ne l'empêcha toutefois pas de lancer une réplique cinglante à Rangiku quand celle-ci proposa son idée de capture d'Arrancar. Lui, l'appât? Eh! C'était le rôle des filles, ça, qu'elle s'y colle! Elle pourrait appeler au secours et attendre qu'on vienne la sauver, ça lui ressemblerait bien de laisser les autres faire le boulot à sa place!
Leur dispute se serait certainement éternisée, aucun des deux partis n'étant jamais à court d'arguments puériles, si le capitaine Hitsugaya ne les avait pas rappelés à l'ordre en criant plus fort qu'eux. Il devait être contrarié, ou alors d'humeur mesquine, parce qu'au moment d'annoncer la mise en place d'un entraînement intensif dès le lendemain matin, il choisit de mettre ensembles Yumichika et Rangiku. Les deux shinigami protestèrent, en vain : un nouvel aboiement du jeune prodige coupa court à leurs récriminations et ils furent bien obligés de s'exécuter.

Le cinquième siège n'était pas ravi du tout par cette décision et se plaignit pendant une bonne partie du chemin du retour à l'appartement des Aasano, où lui et Ikkaku logeaient. Arrivé là-bas, il eut d'autres raisons de râler, car il ne s'entendait pas plus avec Mizuho, la fille de la maison, qu'avec Rangiku.
Le lendemain matin, Yumichika se rendit au point de rendez-vous convenu la veille : un espace dégagé que les humains appelaient "un terrain de football", un jeu de balle dont les règles étaient différentes de ce qu'on pouvait voir au Rukongaï. Il n'y avait personne à cette heure-ci, le soleil venait à peine de se lever ; seuls un ou deux joggers passèrent sur le trottoir, mis aucun d'eux ne vit Yumichika : il avait laissé son gigaï chez leurs hôtes. Inutile de l'amener jusqu'ici pour le laisser traîner n'importe où. Il regarda à gauche, puis à droite ; aucune trace de Rangiku. Il retint un petit soupir agacé. Il ne pouvait pas la critiquer, c'était lui qui était en avance après tout. Mais quand même. Il attendait, là!
Rangiku finit par arriver, l'air d'assez bonne humeur. Parfois Yumichika oubliait pourquoi ils ne s'entendaient pas, mais jamais longtemps : après des salutations plutôt amicales, la vice-capitaine recommença à se montrer agaçante.

« J'étais là hier, grinça-t-il quand elle se crut obligée de récapituler les instructions données par son supérieur, C'est pas la peine de répéter tout ça ! »

Inclure dans l'entraînement une "phase de communication" avec leurs zanpakutô ne l'enthousiasmait pas des masses. Il pressentait que Ruriiro Kujaku ne ferait que décupler son agacement : en plus des remarques habituelles, il allait sans doute se plaindre de n'avoir même pas été sorti de son fourreau la dernière fois qu'il s'était passé quelque chose. Il ne resterait pas calme longtemps si ce fichu paon recommençait à jouer les diva!
La dernière phrase de Rangiku le fit tiquer : l'un de ses sourcils se fronça rapidement deux fois de suite.

« Comme si moi j'avais envie de rester à côté de toi, répliqua-t-il, Tu pourrais me déconcentrer avec tes ronflements ! »

Il la dévisagea d'un air entendu. Eh oui ma vieille, ta réputation de feignasse n'est plus à faire, semblait-il dire. Il eut un petit haussement d'épaule.

« Et puis toi tu n'as qu'à aller de l'autre côté. J'étais ici avant toi, je vois pas pourquoi je devrais me décaler parce que "madame" n'a pas envie de se bouger. »

Mais... mais qu'était-ce qui se profilait à l'horizon? Une nouvelle dispute, bien sûr! Et sans capitaine Hitsugaya pour les empêcher de s'arracher les yeux cette fois-ci!

Voilà qu’il recommençait à râler. Toujours de bonne humeur celui-là… « J’étais là hier », « pas la peine de répéter »… Alors que Rangiku faisait tout son possible pour que la journée se passe au mieux, môssieur avait d’ores et déjà décidé de plomber l’ambiance avec des remarques désobligeantes. Rangiku le laissa ronchonner dans son coin. Peut-être après tout avait-il eu une soirée difficile. Elle leur avait déjà rendu visite chez les humains qui avaient été ~~assez stupides~~ tellement aimables de recevoir les deux membres de la 11ème division. Et la fille qui les logeait semblait terriblement dérangée. Donc, la vice-capitaine était apte à comprendre l’état d’agacement dans lequel pouvait se trouver Yumichika… mais ce n’était quand même pas une raison pour être désagréable ! De son côté, Matsumoto n’avait pas à se plaindre. Inoue lui préparait de bons plats, elles allaient même faire du shopping ensemble. Bref, le rêve quoi !
Mais si la belle blonde pouvait tolérer une remarque désobligeante, deux d’affilées, ça commençait à faire beaucoup… alors la troisième !!

« Comment ça, mes ronflements ?? »

Raah, il avait vraiment le don de l’énerver.

« Dis-donc, si ton zanpakutô a le même caractère que toi, je comprends que tu ne lui parles pas souvent, il doit te souler grave… Un peu comme toi avec moi en ce moment. »

Le ton hautain qu’elle employa était la cerise sur le gâteau. Aucun doute, cette fois-ci c’était la guerre. Et pour une fois, ce n’était pas elle qui avait cherché les embêtements (pour rester poli). Elle avait juste rappelé quelques points de la réunion de la veille ! Ce n’était pas comme si elle avait commis un crime ! Ce n’était pas comme si elle prenait ouvertement Yumichika pour un abruti incapable de se souvenir d’un ordre quelconque que même un gamin de 6 ans arriverait à comprendre. Non, vraiment, elle ne comprenait pas pourquoi il se mettait dans tous ces états…

« La galanterie tu ne connais pas hein ? Ca ne m’étonne pas trop… venant d’un rustre comme toi… »

Rangiku s’éloigna de quelques pas, tournant le dos à son futur adversaire, montrant ainsi tout le dédain qu’elle pouvait éprouver à son égard. Après tout, elle ne voulait pas exposer sa poitrine à une personne aussi peu charmante et délicate. Elle resta un moment silencieuse, pour finalement dire un truc qui n’avait rien à voir avec la conversation…

« Au fait, tu t’es toujours pas décidé à enlever ces espèces de tiges toutes moches… Peut-être que si tu les retirais, tu serais moins stressé… »

Moui… aucun rapport.

« Non mais… c’est pas parce que tu étais là avant que tu dois pas bouger ! En tout cas, moi, je fais plus un pas… je reste ICI, débrouille-toi pour me supporter… »

Croisant les bras, Rangiku était effectivement bien décidé à ne pas céder… Même si au début, elle s’en fichait carrément, il était dans son intérêt de se « battre ». Parce que, c’était connu, on donne un doigt et ça vous bouffe le bras ces bêtes-là… Surtout que ça n’allait pas le tuer d’user du shunpo pour se rendre à l’autre bout du terrain. En plus, à bien y regarder, sous son kimono noir, il avait du prendre quelques kilos, ça lui ferait le plus grand bien de faire un peu d’exercice. Tout en ayant cette pensée, Rangiku se retourna, et observa attentivement Yumichika…

Jusqu'à présent, chacune de leurs altercations avait été interrompue par quelqu'un. Sur Terre, c'était le plus souvent le capitaine Hitsugaya qui s'était chargé d'y mettre un terme, les réduisant ainsi à un échange de regards méchants et d'insultes inarticulées qui ne faisait que remettre la dispute à plus tard. En tant qu'officiers du Gôtei 13, ils se connaissaient depuis un petit moment, mais c'était vraiment depuis le début de leur mission à Karakura qu'ils s'étaient mis à se crêper le chignon pour tout et rien ; peut-être était-ce la bataille à venir qui les mettait tous les deux sur les nerfs.
Quoi qu'il en soit, l'un comme l'autre n'était pas très patient, et compte tenu de la division de laquelle il venait, Yumichika était tout désigné pour perdre contenance le premier (mais ce serait avec élégance, comme tout ce qu'il faisait). Rangiku faisait tout pour, en tout cas. Cette remarque sur son zanpakutô était aussi vexante qu'elle touchait juste.

« Parce que bien sûr, toi tu t'entends à merveille avec le tien, répliqua-t-il du tac au tac, Il doit être encore plus patient que ton capitaine pour te supporter à longueur de journée ! Et puis laisse la galanterie où elle est : c'est avec les dames qu'on est galant, que je sache. »

Inutile d'en rajouter, le sous-entendu était suffisamment clair pour que Rangiku le saisisse. Oh, ce n'était pas très subtil, mais les vannes qu'ils s'échangeaient volaient souvent au ras du sol de toute façon. Ce qui comptait, c'était la rapidité des réponses et l'assurance qu'on y mettait, pas leur pertinence.Ce n'était pas en le traitant de rustre que la vice-capitaine allait le piquer au vif! Bon, d'accord, ce n'était pas très plaisant d'être comparé aux brutes épaisses de sa division, mais c'était la réputation de sa troupe qui déteignait sur lui. Tant qu'il savait qu'il sortait du lot, les insultes de Rangiku ne l'atteindraient pas, même pas un petit peu de rien du tout. D'ailleurs il ne fronçait pas plus les sourcils qu'avant, et quiconque lui aurait fait une remarque à ce sujet aurait été d'une incroyable mauvaise foi!
Les atteintes à son look faisaient déjà un peu plus mal.

« Des plumes ! protesta-t-il cette fois-ci, furieux qu'elle critique ses accessoires et presque choqué qu'elle soit infichue de faire la distinction, Ce sont des plumes ! T'es aveugle ou quoi ? »

Okay, pas la peine d'y réfléchir plus longtemps ; les préliminaires étaient achevés. Yumichika saisit la poignée de son zanpakutô et l'extirpa de son fourreau dès qu'il eut fini de parler. C'était la guerre qu'elle voulait? Eh bien elle allait l'avoir! S'il était des choses qu'un guerrier se devait de protéger, c'était son honneur, et dans le cas de Yumichika, l'honneur passait autant par la beauté que par les armes! Pour refuser de le reconnaître, il allait rabattre son caquet à Rangiku!
En clair, peu importait qu'elle fût une femme (comme si ce genre de considération avait déjà eu de l'importance pour lui!), il allait lui casser la figure.
Il se mit en garde, peu désireux de l'attaquer tant qu'elle n'aurait pas mis la lame au clair à son tour.

« Et si nous décidions de la place de chacun de cette façon ? proposa-t-il sans toutefois lui laisser grand choix, Je pense que ça règlerait pas mal de problèmes d'un seul coup ! »

Peuh, il savait tellement pas quoi dire qu’il disait vraiment n’importe quoi ! Bien sur que Rangiku et Haineko s’entendaient parfaitement… La vice-capitaine allait contester de vive voix cette allusion tout à fait fausse quand alors, Yumichika se permit de douter de la féminité de Rangiku. Quel odieux personnage ! Vite, répliquer, protester, contester… merde, rien ne venait ! Et toi, tu ressembles à un putois ? Non, pas génial. Crève, sale bâtard ! Mieux déjà… mais en fait, la meilleure chose était de lui foutre carrément sur la gueule (que de langage cru). Il était intolérable de se faire insulter de la sorte et Rangiku, bien qu’étant une femme (même si Yumichika insinuait le contraire), n’était absolument pas du genre à se laisser marcher sur les pieds (et encore moins par un simple cinquième siège…).

Ah… il réagissait à sa remarque sur les tiges. Enfin, les plumes d’après lui… Mouai, fallait vraiment fermer les yeux pour y voir des plumes.

« Ben, si j’étais aveugle, j’aurais pu les imaginer tes fichues plumes… mais là… non, non, je t’assure, on dirait même des pailles ! »

C’était vraiment terriblement amusant d’embêter ce type… il réagissait au quart de tour ! Bon, elle était du même genre, donc au final, c’était plus tellement marrant une fois qu’il s’y mettait lui-aussi (d’ailleurs, elle n’avait pas oublié qu’il l’avait traité de ne pas être une dame… elle n’avait pas oublié, non). Rangiku réfléchit à la vengeance appropriée pour punir le shinigami. Entrer chez eux la nuit et mettre dans son lit des orties. Oui mais non, elle devrait d’abord aller les chercher et elle risquait elle-même de se piquer. Lui renverser plein d’eau glacée mélangé avec de la farine. Mais c’était moyennement drôle. Aller chercher Yachiru ! Idée plutôt intéressante, mais cette dernière avait fait une fixation dernièrement sur le crâne de Ikkaku…

Yumichika proposa alors une idée que Rangiku trouva assez sensée. Il venait de dégainer son zanpakutô, proposant par la même occasion un duel qui servirait à les départager… D’ailleurs, ça déplut beaucoup à la vice-capitaine que le type aux brins multicolores puisse avoir une idée qu’elle-même approuverait. Vite, faire semblant d’avoir eu l’idée la première !

« Tiens, ça fait déjà quelques temps que j’avais cette idée. Je voulais la proposer mais comme il n’est pas possible de t’arrêter quand tu commences à parler… un vrai casse-pied ! »

Totalement faux, ces paroles allaient pourtant lui permettre de ne pas perdre la face. Faisant face à Yumichika, Rangiku ne daigna cependant pas dégainer son zanpakutô. Matsumoto connaissait les règles de la 11ème division. Le combat au corps à corps, pas de kidô… blablabla… Règles qui ne la concernaient nullement !
Plaçant ses mains devant elle, elle concentra son énergie spirituelle.

« Hadô n°31 : Shakka Hô ! »

Une sphère rouge d’énergie spirituelle se forma alors, puis fut projetée en direction d’Ayasegawa…

*Hinhinhin, prends ça dans ta face le caïd !*

Yumichika était très fier de sa beauté. Ce n'était pas un secret : il était difficile de faire plus coquet que lui au Seireitei... ni plus susceptible. Il avait beau mépriser ouvertement ceux qui se trouvaient en-dessous de ses critères esthétiques, même les critiques venant de ces personnes-là l'atteignaient, certes à différents degrés, mais elles étaient capables de l'agacer profondément. Sa beauté était pourtant évidente! Il fallait vraiment faire preuve d'un total manque de goût pour ne pas le reconnaître!

C'est vrai que c'était plus facile de prendre de haut les critiques d'un moche. Ça l'était déjà moins quand ça venait de quelqu'un comme Rangiku. Et qu'elle s'obstinait à refuser d'admettre l'élégance raffinée des plumes qui ornaient ses paupières. Il les avait pourtant choisies avec soin pour que leurs couleurs se marient parfaitement avec son teint de peau! C'était dingue, comment une femme pareille pouvait passer à côté de ça? Ça dépassait l'entendement de Yumichika.

Et ça le mettait en rogne. Vraiment. Heureusement, il allait avoir l'occasion de lui imposer sa façon de penser. Très vite, la lame de Fujikujaku fut au clair, reflétant la lumière du soleil aussi joliment qu'il était possible pour une épée de le faire. (Son zanpakutô était toujours à son avantage, histoire de compenser la semi-libération que lui imposait leur vilain petit secret.) Rangiku était peut-être une vice-capitaine, mais lui venait de la onzième division, il estimait donc avoir toutes ses chances contre elle... au moins tant qu'ils en resteraient à une simple joute.

Mesquine comme elle l'était, c'était donc pas gagné. La garce alla même jusqu'à ne pas sortir son propre zanpakutô de son fourreau. Se battre sans son épée à la main! Quelle absence totale de savoir-vivre!
Yumichika n'eut toutefois pas trop l'occasion de râler : l'autre mal élevée était déjà passée à l'attaque. Les mains jointes, elle forma une boule d'énergie spirituelle devant elle. Le cinquième siège reconnut aussitôt la teinte rouge que prenait le reiatsu, et il ne se trompait pas : Rangiku lui confirma bien vite qu'il s'agissait d'un sortilège qu'il connaissait. S'il n'évitait pas cette sphère, il allait morfler : la distance qu'avait à parcourir le sortilège était trop faible pour qu'il perde de son ampleur, ni même pour laisser à Yumichika le temps de le voir venir.

La boule d'énergie rouge explosa, faisant un beau trou sur le terrain de football et projetant des mottes de terre un peu partout. La poussière soulevée par l'impact n'était pas retombée que Yumichika en surgissait à toute vitesse, apparemment pas trop abîmé par le sortilège (il aurait dit que si, c'était affreux, l'extrémité de ses plumes était toute roussie et lui-même était couvert de terre — ça ne le rendait pas moins beau, mais il détestait être sale dès le début d'un combat) et plus désireux que jamais d'en découdre. Il fut sur Rangiku en quelques bonds. Tant pis pour elle si elle ne se décidait toujours pas à brandir son épée! Le cinquième siège n'était pas le genre d'homme à se laisser attaquer par une femme sans réagir — pas la peine de parler d'honneur quand la femme en question était assez grande pour se défendre. Arrivé devant elle, il ataqua de biais, faisant décrire à son zanpakutô un mouvement de bas en haut. Profitant de ce qu'il se trouvait aussi près d'elle, Yumichika lui adressa un sourire suffisant.

Voilà qui devrait la faire réagir convenablement, non?

Rangiku était très fière de son attaque. D’une part, parce qu’elle était persuadée que ne pas commencer un combat par une attaque au sabre allait profondément agacer Yumichika, et d’autre part… non, en fait, y’avait que cette raison.
Ah ben, il l’avait évité. Le sort de Kidô alla s’écraser sur le terrain de foot, causant quelque dommage à la belle pelouse. C’est alors que la vice-capitaine se remémora les paroles d’Hitsugaya, qui étaient « si vous n’êtes pas capable de vous tenir et que des dommages collatéraux doivent s’en suivre, les frais seront déduits de vos salaires respectifs »… ou un truc du genre. Le terrain était à présent un peu abimé, mais il n’y avait pas de quoi en faire un drame. Et puis, si jamais le capitaine de la dixième division demandait des explications, elle n’aurait qu’à dire que c’était la faute de Yumichika, qui avait voulu bêtement éviter un sort de Hadô sans penser aux conséquences que cela impliquait, à savoir, la destruction du terrain de foot (Rangiku, ou comment reporter honteusement la faute sur les autres).

Yumichika surgit du nuage de poussière causé lors de l’explosion, le sabre en main, et en peu de temps qu’il ne fallait le dire, il se retrouva à hauteur de Rangiku qui venait de dégainer son zanpakutô. Le coup placé ainsi en biais de bas en haut était somme toute redoutable de par son angle d’attaque mais Rangiku parvient tout de même à parer. Les lames s’entrechoquèrent pour finalement rester au contact l’une de l’autre, tandis que les deux shinigamis se faisaient face.

C’est alors que le cinquième siège de la onzième se permit un sourire emplit d’arrogance. Non, mais, il se prenait pour qui cet espèce d’insolent ! On ne toisait pas ainsi la plus belle femme de la Soul Society !
Matsumoto fit un bond en arrière.

« Quoi ? Qu’est ce qui te fait rir… »

Elle arrêta soudainement sa phrase et regarda derrière Yumichika.

« Fait gaffe, derrière toi y’a des… »

Là encore, les derniers mots ne sortirent jamais de la bouche de Matsumoto, car au même moment, un ballon rond vint percuter l’arrière du crâne de Yumichika. La tête que celui-ci faisait après avoir été shooté fit rire aux éclats la vice-capitaine qui, naturellement, se saisit de l’occasion pour en rajouter une couche et se moquer ouvertement du shinigami (même si en fait, il n’y avait là aucun sujet à la moquerie).
Reprenant son sérieux, elle proposa dans un second temps de quitter ce terrain qui venait d’être envahi par des gnomes bruyants s’étonnant de voir leur terrain de football saccagé, comme si une météorite y était tombée.

« On bouge, suis-moi. »

Là-dessus, ils s’élancèrent à la recherche d’un coin tranquille, qu’ils trouvèrent assez rapidement d’ailleurs. Un parking. Quelques voitures étaient garées ça et là, mais pas l’ombre d’un humain à l’horizon. Bref, il suffisait de faire attention aux voitures et c’était bon !

Rangiku se tourna ensuite vers Yumichika, prête à en découdre une nouvelle fois. Tendant la main, paume face à lui, elle invoqua une nouvelle fois un sort de Hadô tout aussi connu que celui employé quelques instants auparavant.

« Hadô n°33 … »

C’est alors que Matsumoto disparut dans un shunpô, pour se retrouver derrière Yumichika, main toujours tendue.

« Sôkatsui ! »

Rangiku n'était pas vice-capitaine pour rien : elle avait su sortir son épée à temps pour parer le coup qu'il lui destinait. Mais bon, c'était du très basique, ça! Elle n'aurait pas mérité de s'entraîner avec lui si elle avait été blessée par sa première attaque! Yumichika n'en aurait tiré aucune fierté!
... d'accord, il se serait pavané devant elle et n'aurait pas manqué de le lui rappeler, oh, juste chaque fois qu'ils se seraient croisés la lame au clair? Il pouvait se montrer très mesquin quand il décidait de s'y mettre. Enfin, de toute façon Rangiku ne s'était pas ridiculisée dès le premier échange, alors s'il voulait avoir l'occasion de se payer sa tête plus tard, il allait devoir se montrer plus sérieux que ça. Ou tout le contraire, faire mine de s'en moquer : un simple sourire de sa part, et voilà la belle blonde qui s'offusquait! Yumichika se remit en garde, prêt à la rejoindre d'un bond et à poursuivre l'échange. C'est alors que Rangiku regarda quelque chose par-dessus son épaule. Pfff... Ri-di-cule. C'était la diversion la plus vieille du monde ça! Y avait bien que les gogoles pour tomber encore dans le panneau!

Peuh ! Comme s'il allait se faire avoir par un truc aussi gros!

TONK.
Le coup qu'il reçut à l'arrière du crâne fut aussi violent qu'inattendu ; le cinquième siège se retrouva brutalement avec le menton contre la clavicule. Il se retourna aussitôt, la main gauche appuyée contre son début de bosse, et regarda qui avait osé l'attaquer aussi lâchement. La réponse ne lui plut pas : il s'agissait d'un groupe d'enfants qui regardaient, complètement interloqués, l'endroit où leur ballon avait rebondi contre ce qu'ils croyaient être un mur invisible ; d'autres s'étaient rassemblés autour de la crevasse encore fumante qui résultait du sortilège utilisé par Rangiku. Yumichika les fixa d'un air mécontent. Il avait bien envie d'aller botter les fesses de ces petits morveux, histoire de leur apprendre à repérer les entités spirituelles et à ne pas leur envoyer de ballon en pleine gueule, mais un éclat de rire derrière lui suffit à reporter sa colère sur l'autre shinigami. S'ensuivit un nouvel échange de vannes plus gamines les unes que les autres, jusqu'à ce que Rangiku propose une solution qui sautait aux yeux : changer de terrain.

« Tu parles d'un coin pénard ! grommela le cinquième siège, C'est infesté de mômes dès le matin. »

En passant, même si ce n'était pas du tout honorable de s'attaquer à quelqu'un de beaucoup plus faible que vous qui ne pouvait même pas vous voir, Yumichika assena une bonne claque sur la tête de l'enfant le plus proche. Il ne se soucia pas des cris et des pleurs qu'il laissait derrière lui : c'était bien fait!
Les deux shinigami ne mirent pas longtemps à trouver un nouveau terrain d'entraînement. Après quelques minutes passées à courir d'immeuble en immeuble et à scruter la ville, ils repérèrent un parking pratiquement vide. Il ne devait guère y avoir plus de quatre ou cinq voitures et, compte tenue de l'heure matinale, il ne devrait pas y avoir d'autres visiteurs d'ici la fin de l'entraînement. Yumichika jeta un rapide coup d'oeil à la disposition des véhicules humains ; ce ne serait pas difficile de les éviter. S'ils abîmaient un truc pareil, ils pouvaient être sûrs que le capitaine Hitsugaya leur tomberait dessus et qu'ils devraient payer les dégâts. Le shinigami ne s'en inquiétait pas trop : il n'avait pas recours au kidô pour se battre, alors tant qu'il resterait à distance des voitures, s'il y avait de la casse, Rangiku irait de sa poche.

Les deux adversaires se faisaient de nouveau face quand la vice-capitaine tendit sa main vers lui. Yumichika banda ses muscles, prêt à se déporter une nouvelle fois sur le côté quand viendrait l'attaque. Hadô n°33... il formulait trop rarement des sortilèges pour se rappeler duquel il s'agissait. La réponse ne tarda toutefois pas à se faire connaître.
Rangiku quitta soudain son champs de vision. Sa voix retentit derrière son dos, achevant de nommer le sort qu'elle préparait. Yumichika ne se retourna pas complètement, mais il distingua très nettement les flammes bleues qui léchaient la paume de sa main.
Les flammes se répandirent dans l'air et fondirent sur lui à toute vitesse. Le timing de Rangiku était bon, il était forcé de le reconnaître : elle l'avait laissé se concentrer sur une attaque de front et s'était déplacée derrière lui au dernier instant, pour l'attaquer avant qu'il ait eu le temps de reformer sa garde. Le reiatsu souffla Yumichika sur une dizaine de mètres à travers le parking. La première fois qu'il rebondit sur le bitume du sol, ce fut son épaule qui reçut le choc ; la deuxième fois, il reprit appui sur une jambe, et se servit de son élan pour sauter et se réceptionner sur le toit d'une voiture ; la tôle se plia très légèrement, mais c'était toujours moins pire que si le cinquième siège avait fini sa course dans la portière. Il n'y eut pas de temps mort : à peine arrêté, Yumichika se propulsa en avant pour revenir sur Rangiku. Ses plumes, roussies par le premier sortilège, avaient maintenant presque complètement disparu : il n'y avait plus que quelques barbes bleues qui s'accrochaient encore à ses sourcils. Quant à son col orange, la bande de tissu qui le reliait à son poignet s'était déchirée, et pendait misérablement à son cou et à son bras. Il n'y avait pas que ses vêtements qui avaient souffert : certaines parties de son corps étaient douloureuses, mais tant que rien ne l'empêchait de bouger, il pouvait l'ignorer.
Yumichika se servit d'un shunpo pour tenter de surprendre Rangiku. Alors qu'il courait face à elle, il disparut pour se porter sur son flanc gauche.

« Fleuris, Fujikujaku », dit-il en dressant son sabre devant son visage.

Frustré de s'entendre appelé de la sorte, son zanpakutô courba sa lame et la scinda en quatre, laissant Yumichika avec une sorte de faucille dont il se servit pour trancher son adversaire d'un coup sec, pratiquement horizontal au sol.

Ce garçon était décidément des plus susceptibles. Parce que ces pauvres gosses avaient envoyé sans le faire exprès un ballon sur lui, Yumichika se vengea honteusement en tapant l’un des gamins. Rangiku ne dit mot, préférant simplement pousser un soupir tandis qu’ils changeaient de lieu d’entrainement.

[…]

Le sort de Kidô avait fait mouche. Balayé par la technique de Sokatsui, le shinigami fit un vol plané avant d’arriver à se rattraper, atterrissant sur le toit d’une voiture qui se plia sur le coup. Aie… Ah ben voila, c’était malin, il ne pouvait pas faire attention… Mais cette fois-ci, pas le temps de faire une remarque désobligeante. Le cinquième siège venait de se propulser vers Rangiku, l’arme au poing, prêt à trancher tout ce qu’il se trouvait sur son passage. Bien campée sur ses positions, la vice-capitaine attendit le choc des lames… qui ne vint pas. Yumichika venait de disparaître de son champ de vision pour réapparaitre sur sa gauche. En deux mots, le zanpakutô de celui-ci changea subitement de forme, déployant désormais quatre lames recourbées. Trop près… Rangiku tenta de pivoter afin de parer le coup, mais il fallait avouer que le succès n’était pas au rendez-vous. Un réflexe complètement idiot vint généralement alors… tenter de se protéger tant bien que mal avec un simple bras. Effectivement, c’était très stupide… mais humain (enfin, « shinigami » dans ce cas). Le résultat qui en découla ne fut guère surprenant. Une partie de la manche s’envola dans les airs alors qu’au même moment, quatre entailles apparurent sur l’avant-bras de Matsumoto. S’apitoyer sur la douleur émanant des blessures n’était pas vraiment recommandé quand l’adversaire se trouvait aussi près, aussi, la shinigami fendit l’air avec son sabre vers Yumichika, afin de l’empêcher de continuer son offensive. D’un bon, elle parvint ensuite à se déporter à quelques mètres de celui-ci. Son regard se posa alors sur son bras gauche… Bien que douloureux, les blessures ne semblaient pas d’une gravité extrême. Elles étaient simplement gênantes du fait le sang n’arrêtait pas de s’écouler.
Bon bah, y’avait plus qu’à répliquer… De nature fainéante, il fallait avouer que le zanpakutô de Matsumoto lui correspondait plutôt bien, puisqu’il lui permettait, lorsqu’il était libéré, d’attaquer à distance. Plaçant la lame de son sabre vers Yumichika, Rangiku prononça les mots fatidiques.

« Unare Haineko. »

La pointe du sabre se désagrégea, suivie rapidement par l’ensemble de la lame qui disparut en un souffle, dispersée en millier de particules spirituelles semblables à de la poussière. Le nuage de cendres stagna un instant dans les airs avant que Rangiku, d’un geste, l’envoya vers Yumichika.

Spoiler:

La peau des shinigami, renforcée par des particules spirituelles, était certes plus résistance que celle d'un humain, mais face à la lame d'un zanpakutô la protection qu'elle offrait n'était guère meilleure. Yumichika en avait bien conscience au moment de frapper Rangiku : il ne devait pas perdre de vue qu'il s'agissait avant tout d'un entraînement, et que même s'il avait très envie de lui faire mordre la poussière, il ne pouvait pas se permettre de la blesser trop grièvement. Ça valait aussi pour elle : contre un ennemi réel, le sortilège de tout à l'heure aurait pu s'avérer meurtrier.
Enfin, même en se retenant de l'estropier, Yumichika avait encore le droit de lui démontrer qu'il était plus fort qu'elle! Son ersatz de shikaï entailla donc le bras que Rangiku leva pour se protéger des faucilles, pour aussitôt après parer le sabre qui arrivait sur le cinquième siège. La vice-capitaine avait réagi vite : son attaque visait à lui permettre de se dégager pour prendre du recul. Yumichika n'aimait pas ça : si elle s'éloignait comme ça, elle ne devait pas avoir l'intention de poursuivre le combat en croisant directement le fer. Ça ne l'arrangeait vraiment pas, les combats à distance n'étaient pas le point fort de la onzième division et de ses shikaï offensifs. Le shinigami se précipita sur Rangiku. Un shunpo lui servit à quitter instantanément l'endroit où il se trouvait, mais il ne parvint pas à rejoindre son adversaire : celle-ci venait de libérer son zanpakutô, et la lame de son sabre était devenue le nuage de poussière qui l'empêchait de s'approcher. À première vue, ça n'avait pas l'air bien méchant comme technique, mais chaque grain était incroyablement coupant et tous amassés au même endroit, ils devenaient redoutables. Yumichika en fit les frais. Stoppé en plein élan, il se retrouva rapidement cerné par la poussière qui, tourbillonnante, déchira le tissu rien qu'en passant dessus.

« Eh merde », pensa-t-il, contrarié qu'on abîmât ainsi ses vêtements.

Il devait se dégager de là, et vite! Un sortilège aurait été bien pratique, une petite boule de feu par exemple et bam! dispersée, la poussière! Mais ça aurait été bête de se griller pendant un simple entraînement, alors le cinquième siège se contenta de balayer l'air à l'aide de son zanpakutô. Un coup, deux coups, trois coups... à toute vitesse, sans cesser de bouger pour tenter de se sortir de là! À force, Yumichika parvint à se ménager une sortie, mais le shikaï de Rangiku l'avait mis dans un sale état : bien qu'il n'ait aucune blessure grave, son uniforme était déchiré de partout, et sous les lambeaux du tissu, on pouvait nettement voir les égratignures qu'il avait récolté. Il s'éloigna du nuage de poussière d'un shunpo et s'apprêta à repasser à l'offensive (il fallait qu'il contourne Haineko : envahissant ou pas, le shikaï restait attaché à la poignée que Rangiku tenait dans sa main, donc ses mouvements ne seraient pas totalement imprévisibles, il n'était pas impossible de l'atteindre) quand soudain, il sentit que quelque chose coulait le long de sa joue. Il y porta rapidement ses doigts et regarda de quoi il s'agissait : c'était du sang.
Son beau visage saignait.
En combat réel, contre un ennemi qui avait la ferme intention de le tuer, il arrivait encore à se détacher de ce genre de chose, parce que sa vie et son honneur de guerrier étaient en jeu. Mais que ça lui arrive là, pendant un simple entraînement?

« Rââââh, mais pas mon visage, bon sang ! »

Elle allait lui payer ça! Il allait la buter!
Furieux comme jamais, Yumichika se rua sur elle, mais le nuage de poussière était toujours là, qui l'obligea à modifier sa trajectoire plusieurs fois d'affilée. À force de shunpo, il finit par réussir à se glisser sur le côté du shikaï ; ce ne fut pas sans dommages : les grains l'éraflèrent de nouveau, mais cette fois-ci il ne s'arrêta pas et courut jusqu'à Rangiku. La poussière était encore proche, mais le temps que la vice-capitaine l'interpose entre elle et lui, Yumichika aurait eu le temps de la frapper une nouvelle fois.

Spoiler:

Il devait toujours se plaindre. Jamais content celui-là… Et il se disait membre de la onzième division ? Peuh ! Un petit peu de sang et il s’affolait pour un rien. Ce n’était pas non plus comme si elle y était allée à fond ! Bon, ce n’était pas pour ça que se plaignait Yumichika, la vice-capitaine l’avait très bien compris mais comme à son habitude, Rangiku ne se fit pas prier pour sauter sur l’occasion et envoyer une bonne pique à son infortuné compagnon.

« Ah ben elle est belle la onzième division ! Avec toi, ça va devenir rapidement une division de chochotte ! » Railla-t-elle.

Elle continua ensuite un monologue comme quoi c’était de toute façon pas avec un peu de sang sur le visage qu’il allait paraître plus moche puisque ses deux « plumes » ne le mettaient de toute façon pas en valeur. Il était tellement facile de se moquer de Yumichika que Matsumoto s’en donnait à cœur joie… Et bla, bla et bla, bla, moche, bla bla, sert à rien, bla bla, trop nul, bla bla, zanpakutô inutile, bla bla… Elle ne s’arrêta que lorsqu’elle se rendit compte que d’une part, l’autre ne l’écoutait plus mais qu’en plus, il n’avait pas lâché l’affaire et se jetait une nouvelle fois sur elle. Han, le fourbe ! Il attaquait en traître par devant ! Bah, Rangiku ne lui en voulait pas… Elle le voyait bien que c’était un acte désespéré venant d’une personne tout aussi désespérée.
Se re-concentrant sur les mouvements du shinigami, la gradée de la dixième division plaça devant lui le nuage de cendres, bien décidée à ne pas le laisser passer. Mais ce fut sans compter sur la vitesse que mettait Yumichika dans ses déplacements afin de l’atteindre, et qui, à coup de shunpô, zigzagua dans les airs, à la recherche d’une possible ouverture. Celle-ci finit par venir quand, dans un bref retard de mouvement, Rangiku envoya son shikaï à un endroit tandis que le cinquième siège se déportait déjà ailleurs. Avant même d’avoir fini son geste, elle comprit aussitôt qu’il allait passer pour lui porter de nouveau un coup bien placé sans qu’elle puisse faire barrière avec les cendres.

*Et merde *

Du coin de l’œil, elle aperçut son adversaire, le bras déjà armé… Dans cette position, beaucoup auraient choisi l’utilisation du déplacement instantané, qui permettait non seulement d’éviter l’attaque, mais aussi de surprendre l’adversaire, si tant est que l’on parvienne à se placer derrière lui. Et peut-être que si l’adversaire n’aurait pas été Yumichika, Rangiku aurait utilisé le shunpô. Mais la situation était telle que la shinigami pouvait agir autrement. Connaissant Ayasegawa, elle savait pertinemment que son shikaï, sans effet particulier, ne serait pas une menace pour peu qu’elle parvienne à l’arrêter avant qu’il n’entre dans un périmètre trop restreint, mais qu’en plus, le soldat de la onzième n’utiliserait en aucun cas le Kidô...

Un sourire aux lèvres, Rangiku lança un regard à Yumichika, lui faisant comprendre d’avance ce qu’elle allait faire. D’ailleurs, ça la faisait beaucoup rire en pensant qu’elle allait gagner grâce à une technique interdite pour ceux de la 11ème.

« Bakudô n°28 : Tôketsu » Dit-elle avec une pointe de moquerie dans la voix tout en pointant du doigt Yumichika.

Bien que n’étant pas un sort très puissant, il suffisait amplement pour immobiliser le shinigami, qui perdrait alors sa capacité à bouger certains de ses membres qui se verraient pris dans la glace…

Spoiler:

Yumichika était certain d'avoir bien calculé son coup. Les cendres de Haineko risquaient de le heurter dans quelques secondes à peine, mais il était tout proche de Rangiku, il aurait le temps de la frapper avant qu'elle ne le touche! C'est du moins ce que pensait le shinigami jusqu'à ce qu'il croise le regard de la vice-capitaine : elle était très sûre d'elle, et son sourire en disait long sur ses intentions ; elle conservait un atout dans sa manche et il n'allait pas y couper. Ça, certainement pas! Il n'allait pas se laisser ridiculiser par une autre de ses parades! Il serra les dents et balança son bras en avant, faisant décrire une courbe aux lames de son zanpakutô. Malheureusement pour lui, Rangiku formula un sortilège au même instant, et le plus rapide des deux... ce fut elle.
Il n'y eut pas d'effets de lumière cette fois-ci, mais en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le bras droit de Yumichika, celui qui tenait son arme, se retrouva pris dans la glace. Raaah, il s'était tellement concentré sur ces fichues cendres qu'il en avait complètement oublié que son adversaire pouvait recourir au kidô! La glace, après avoir recouvert son zanpakutô et sa main, remonta le long de son bras jusqu'à son coude. Ce poids soudain ralentit considérablement le cinquième siège, qui manqua sa cible.

« 'fait chier ! »

Son bras devenu trop lourd, il fut obligé de renoncer à attaquer dans l'immédiat. Il détestait y être obligé, mais Yumichika jugea préférable de s'éloigner de Rangiku et de son shikaï. Sa priorité, désormais, était de se débarrasser du bloc de glace qui entravait ses mouvements, sans compter que ses lames ne pouvaient plus rien trancher du tout! Il n'allait même pas pouvoir s'en servir pour casser la glace! Comment faire? Son premier réflexe fut de la taper contre le sol de toutes ses forces. Le bloc se fendilla un peu sur les côtés, mais ce n'était pas encore suffisant pour libérer son bras, que d'ailleurs Yumichika commençait à ne plus trop sentir. Sa peau l'avait bien brûlée un peu au début, mais plus maintenant. Argh! C'était le genre de truc à vous laisser des engelures, ça! C'était trop moche!

« Mais tu vas te péter, saloperie ?! »

Bien énervé, le cinquième siège recommença à frapper le bitume de la même façon, les dents serrées et une expression assez effrayante sur son beau visage. Il s'arrêta quand il s'avéra évidemment que cette fichue glace ne partirait pas aussi facilement qu'elle l'avait congelé ; son épaule l'élançait douloureusement, mais c'était secondaire.

« Toi ! clama-t-il en pointant son zanpakutô surgelé dans la direction de Rangiku, Qu'est-ce que c'est que cette technique à la gomme ?! Ah, c'est bien un truc de lâche, ça m'étonne pas de toi ! »

Et parce qu'il était vraiment en pétard, Yumichika fonça de nouveau sur elle, bien décidé à se servir de son bloc encombrant pour l'assommer, à défaut de la découper en rondelles comme elle méritait. Il n'ignorait pas que ses mouvements étaient ralentis par ce poids indésirable, mais il n'allait pas non plus rester sur place à taper par terre! C'était pas digne de la onzième division, il allait foncer dans le tas et lui casser sa gueule, voilà!
Et il le ferait de belle façon!

Spoiler:

En connaissant la mentalité des shinigami de la onzième division, Rangiku savait pertinemment comment allait réagir le cinquième siège à sa dernière action. Et ça ne loupa pas : Yumichika, énervé au plus haut point, commença à s’excité sur le bitume, passant ses nerfs sur le bloc de glace qui lui enserrait la main, l’empêchant par la même occasion de bouger correctement son membre supérieur. Entravé de cette façon, il avait même été obligé d’abandonner son attaque sur la vice-capitaine quand celle-ci avait eu recours à un sort de Bakudô. Bref, il était dans l’échec total ! Incapable de finir une attaque, incapable de se prémunir contre des sorts de Bakudô, il était trop nul !
Et comme il était également incapable de briser un stupide morceau de glace (bon, en fait le truc était super résistant et Matsumoto se doutait bien que ça ne devait pas être facile à faire partir (mais c’était quand même le but d’un sort d’emprisonnement hein)), il la pointa avec son membre congelé, et formula son irritation verbalement. Bien sur, Rangiku ne se fit pas prier pour lui répondre au tac-au-tac.

« C’est pas un truc de lâche ! Tu as juste les nerfs parce que tu es en train de perdre. »

Rangiku était très fière de sa petite phrase… Non seulement parce que c’était vrai, mais en plus parce que Yumichika n’apprécierait surement pas ce genre de remarque... Surtout venant d’elle. Elle enchaina les sarcasmes, avec au final une petite touche destinée à le rendre encore plus furax.

« Et puis, si tu servais d’un sort de Hadô, tu n’aurais pas de mal à te débarrasser de ça. » Dit-elle en haussant des épaules, comme si ce qu’elle disait était une évidence et qu’il était trop stupide pour y penser lui-même.

Ca ne loupa pas. Furax, le shinigami partait une nouvelle fois à l’assaut et Rangiku eut la vague impression que tout ce qu’il voulait maintenant, c’était lui faire bouffer le bloc de glace, ou à défaut, s’en servir comme arme et lui casser la gueule. La vice-capitaine n’était pas vraiment pour…
Sans plus attendre, elle rappela les cendres de son zanpakutô qui se placèrent juste devant elle, de façon à faire barrage à Yumichika, déjà lancé. D’un geste du poignet, sa main droite tenant toujours le manche de son sabre, elle envoya dans une dernière offensive (oui, dernière parce que si Yumichika parvenait à en sortir indemne, c’était qu’il était très fort). Parfaitement synchronisé sur les mouvements que lui imposait Rangiku, Haineko fondit sur sa proie, sans autre intention que de le déchiqueter. Il allait en cracher du sang !

Si le choc avait lieu, le shinigami allait déguster grave. Sauf que… Il n’eut pas lieu. Au dernier moment, le nuage se sépara en deux blocs, laissant le champ libre à Yumichika pour que celui-ci s’aperçoive, au dernier moment, que Rangiku n’avait pas vraiment l’intention de finir le match à la façon « onzième division ». Toute souriante, elle prit bien la peine de fixer Yumichika avec insistance, comme pour faire passer le message de « ahah, j’t’ai bien eu ! Prends ça dans ta face ».

« Bakudô n°61 : Rikujou Kourou. »

Au départ, voyant que le type aux plumes semblait détesté sa technique de Kidô, Rangiku avait pensé relancer la même, histoire de l’énerver encore plus. Mais finalement, mieux valait l’immobiliser complètement. D’une part, parce que même avec les deux bras dans la glace, il pouvait être dangereux, mais d’autre part, s’il était complètement immobilisé, il ne pourrait en aucun cas contester la victoire de Matsumoto.
C’est pourquoi elle utilisa une technique nécessitant certes plus d’énergie pour la lancer, mais qui permettait de sceller les gestes de son adversaire.

Rangiku sourit fièrement.

« Alors ? Tu es coincé peut-être ? »

Les cendres revinrent à leur place. Rengainant son zanpakutô, Rangiku montrait parfaitement par ce geste que le combat était fini.

Okay, c'était peut-être pas très malin de courir vers son adversaire avec un sabre inutilisable et un bras bloqué par la glace... mais Yumichika était furax et il n'avait pas envie de s'arrêter et de réfléchir à ce genre de (gros) détails! Après, quelle autre option avait-il, sinon celle de déclarer forfait? Hors de question! Ça ne s'était jamais vu à la onzième division! Comme l'utilisation du kidô, d'ailleurs : s'il l'avait voulu, le cinquième siège aurait très bien pu utiliser un sortilège pour décongeler son bras et son zanpakutô! Seulement ça l'aurait un peu grillé auprès de Rangiku... S'il le lui demandait, elle garderait sans doute son secret, mais il ne supporterait pas qu'elle sache une telle chose à son sujet ; que le vice-capitaine Hisagi soit au courant était déjà de trop. S'il ne pouvait pas parler de ça à Ikkaku, alors personne d'autre ne devait être dans la confidence : on ne cachait pas ce genre de truc à son meilleur ami si c'était pour aller le crier sur tous les toits! Ça et puis, si Rangiku l'apprenait, même si elle se montrait discrète elle ne manquerait certainement pas de l'emmerder avec ça. Et rends-moi service par-ci, et fais-moi ma paperasse par-là... Il refusait d'entrer dans ce cercle vicieux! Quitte à perdre son combat, parfaitement!
Argh, elle allait fanfaronner, la garce, ça n'allait pas louper! Il allait en entendre parler pendant des jouuuurs!

Les cendres de Haineko retournèrent auprès de leur maîtresse, la protégeant derrière un épais mur poussiéreux. Yumichika serra les dents. Merde, il n'allait pas pouvoir passer! Le bloc de glace entravait trop ses mouvements, ça lui rendait très difficile d'esquiver le shikaï de son adversaire, d'autant plus qu'il était déjà pratiquement dessus et que les cendres fonçaient sur lui! Il ferma instinctivement les yeux quand il se retrouva enveloppé, s'attendant à sentir la morsure des grains minuscules sur sa peau... Mais rien n'arriva. Il rouvrit alors les yeux, pour se rendre compte que Haineko était passé près, non, autour de lui sans le toucher, et que Rangiku, juste en face, lui adressait un sourire moqueur dont le sens n'était pas difficile à saisir. Le mauvais pressentiment de Yumichika se confirma quand elle récita le nom d'un sortilège.
Aussitôt, il sentit ses bras se coller contre son corps, comme retenus au niveau de ses coudes. Il tenta de les dégager, mais hormis un mouvement d'épaule, tout son corps resta immobile. Il ne pouvait plus bouger!

« Mais qu... Mais c'est kwâââ, ça ?! C'est bien ce que je disais : encore une technique de lâche, parce que t'es trop faible pour me battre à la loyale ! »

Oui bon, ce n'était peut-être pas si lâche que ça, après tout son propre shikaï (le vrai, celui qui brillait) était indigne de la onzième division... Mais justement, lui ne s'en servait pas en combat! Pas comme elle, qui essayait de prendre l'avantage de n'importe quelle façon, fût-elle déloyale! Le cinquième siège refusait de reconnaître sa défaite. Il voulut faire quelques pas en direction de Rangiku, mais ses jambes ne s'actionnaient que difficilement. Plutôt que de se ridiculiser davantage, il resta donc là où il était, à haranguer son adversaire. Il semblait s'être calmé quand il reprit la parole, son ton était redevenu moqueur et méprisant, comme d'habitude.

« T'es vraiment trop nulle ! Comme ton shikaï est super naze, t'es obligée de tricher pour gagner ! »

Qui avait parlé de mauvaise foi?
Yumichika s'attendait à ce que Rangiku lui réponde... mais cette dernière lui tourna le dos en feignant de l'ignorer, et s'éloigna en faisant comme s'il n'était pas là.

« Où tu vas comme ça ? HEY ! TU POURRAIS AU MOINS ME LIBÉRER ! »

Rangiku gagne 15 XP.

Yumichika gagne 5 XP.