Home sweet Home

Assise sur le sofa placé dans le bureau de sa division, Rangiku attendait. En réalité, depuis sa confrontation avec l’arrancar, elle ne faisait pas grand-chose, outre le fait de devoir rédiger des rapports tous aussi ennuyeux les uns que les autres. Et là, elle attendait. Elle avait reçu un message l’avertissant que, suite à ses blessures, un shinigami de la quatrième division passerait en début d’après-midi afin de s’assurer que la guérison s’était effectuée sans soucis. Machinalement, la vice-capitaine porta sa main gauche au niveau de son épaule, se rappelant de l’horrible craquement qu’il y avait eu lieu lorsque celle-ci s’était brisée. Sur le coup, ça avait été vraiment douloureux… Et si à présent elle se sentait parfaitement bien, c’était qu’elle était guérie non ? Du coup, elle trouvait cette visite un peu inutile… Mais discuter les ordres de la capitaine de la quatrième division n’était guère envisageable, surtout que Rangiku avait quitté les bâtiments hospitaliers plus tôt que ce que prévu.

Du coup, elle était là, à attendre bien sagement, une tasse de thé devant elle. Car oui, il lui était interdit de boire de l’alcool. Et ça, c’était intolérable ! Depuis quand le saké entrainait-il des complications sur une épaule cassée ? Unohana, qui avait eu l’air de lire dans ses pensées, lui avait expliqué que l’état d’ébriété pouvait amener des risques comme des chutes occasionnelles (sur le coup, Rangiku ne put dire le contraire), ainsi qu’une non-prise de conscience vis-à-vis de certains dangers… En gros, ce n’était pas prudent pour une personne dont l’épaule était fragilisée. Pas vraiment convaincue, Matsumoto avait cependant accepté ces petites règles… Enfin, du moins, elle avait trop peur des retombés pour contredire Unohana. Du coup, elle se tenait tranquille, dans le bureau de la division.

Sirotant la boisson non-alcoolisée, Rangiku repensa également à l’apparition de Gin… Si soudaine, si irréelle… Qu’était-il venu chercher au juste ? Pas elle, c’était évident. Se repassant la scène encore et encore, la shinigami se trouvait bien bête de ne pas avoir su poser les questions qu’elle avait en tête. Elle regrettait également de ne pas avoir pu lui adresser la parole, ne serait-ce que pour lui dire un mot ou deux. Bon, fallait dire aussi que la situation ne prêtait guère à une discussion intense, surtout qu’à ce moment-là, un petit arrancar sournois s’était tenu à califourchon sur elle… Position au combien dégradante que n’oublierait pas de sitôt la jeune femme. Reposant la tasse, elle tourna la tête vers la fenêtre à sa gauche, avec en tête l’idée qu’elle puisse un jour rendre la monnaie de sa pièce et remettre à sa place l’espada Luppi. A cause de lui, non seulement elle avait été renvoyé à la Soul Society (ce qui voulait dire adieu shopping, magasins), elle ne pouvait plus boire (ce n’était que pour quelques jours mais quand même), et en plus, elle ne pouvait plus passer désormais de longue soirée avec Inoue à déguster ses petits plats dont elle seule avait le secret. Bref, elle avait les nerfs !

Irritée, elle reposa assez violemment la tasse sur la table basse, et quelques gouttes vinrent éclabousser le parquet. Poussant un juron, Rangiku se leva afin de chercher de quoi nettoyer, tandis qu’une personne se disant de la quatrième division se présenta à la porte. La vice-capitaine soupira. Bon bah, puisqu’il fallait passer par là…

- Entrez, fit-elle d’une voix claire.

La pauvre tête de l'étrange créature dodelinait au gré des mouvements de la petite chose rose qui la portait sous le bras, comme un vulgaire sac de patates. Kusajishi Yachiru, vice-capitaine de la onzième division, avait ~~volé~~ remporté à l'arrachée la possession de la dernière invention de la douzième division, et, depuis, elle ne la quittait plus (on ne sait jamais, on pourrait oser venir la lui reprendre, et Boule de Billard, à moins d'y être "gentiment" prié par son capitaine, refuserait d'aller la récupérer). La malheureuse bestiole avait donc passé un nombre d'heures interminables dans les bras de la petite fille, étouffant à moitié, secouée, trimballée, voire même traînée par la queue, agitée dans tous les sens sans pitié. Son seul réconfort était sans doute les confiseries dont elle pouvait se goinfrer, quand Yachiru les lui engouffrait dans la gueule, lui remplissant l'estomac jusqu'au bord de l'implosion.
A la onzième, personne n'avait tenté plus de trois secondes de lui retirer son nouveau jouet. Un de ses subordonnées, s'y étant risqué, elle avait planté ses dents dans sa main, lui avait craché à la figure et s'était enfuie en riant. Cette tentative avait découragé les autres, et, lorsque la gamine se détournait de la bête, celle-ci en profitait pour se planquer dans le bâtiment de la division, jusqu'à ce que sa nouvelle propriétaire remette la main sur elle.
C'est donc ainsi que le Chat Qui Aime Les Bonbons se retrouvait sous son bras une fois de plus, à rebondir au rythme de ses pas, bien trop rapidement à son goût.
Lorsque Yachiru pila net, la pauvre chose eut l'impression qu'on lui arrachait les oreilles. Mettant une main en visière au-dessus de ses yeux, la petite fille regarda autour d'elle, intriguée.
-Haaaay ? Chat Bizarre, tu sais où on est ?
Si la créature avait pu parler, elle aurait sans doute répondu que nulle part ailleurs valait mieux qu'avec elle, mais elle ne produisit qu'un croassement inquiet.
Le légendaire sens de l'orientation de la vice-capitaine de la onzième division avait encore fait des siennes ! Non, décidément, cet endroit ne ressemblait pas au manoir de Bya-kun. Elle sauta du toit sur lequel elle se trouvait, pour la plus grande frayeur du chat qui ne s'était toujours pas appuyé à la terrible sensation d'avoir tous ses organes remontant vers la colonne vertébrale.
-Crôaaa !
Comme il se trouvait devant les portes des quartiers d'une des divisions du gotei 13, Yachiru entra dans la cour sans hésiter. Peut-être qu'il y aurait de quoi s'amuser ! Peut-être qu'elle rencontrerait un de ses souffre-douleurs !
Elle traversa en courant la cour, puis pénétra dans le bâtiment. Pas un chat, excepté celui qu'elle tenait toujours sous le bras. Elle tourna dans un couloir au hasard.

Elle parcourut le couloir à toute vitesse, frappant à toutes les portes au passage, jusqu'à heurter un pauvre shinigami qui s'apprêtait à entrer dans une pièce.
-V... Vice-capitaine Kusajishi !
Le chat profita de la collision pour s'échapper des bras de sa "maîtresse", et se faufila par la porte ouverte. Dédaignant le shinigami bafouillant, Yachiru se précipita à son tour dans la pièce.
-Chat Bizaaaarre ?